Cameroun : Kribi, lieu de villégiature des nantis

Politiques, hommes et femmes d’affaires, jet-setteurs… La cité balnéaire camerounaise est devenue la principale destination de vacances de ceux qui comptent.

Sur la plage de Kribi, au Cameroun, le 31 juillet 2018. © Adrienne Surprenant

Franck Foute © Franck Foute

Publié le 22 août 2022 Lecture : 3 minutes.

Pour se rendre à Kribi, il faut emprunter la route nationale N3 en provenance de Douala ou de Yaoundé puis, une fois à Édéa, prendre la direction du Sud et rouler une centaine de kilomètres. La voie est bitumée, et il faut à peine une heure et demi avant de voir défiler le spectacle saisissant qu’offre cette bordure côtière : une vue imprenable de l’océan Atlantique.

Entre ses dizaines de kilomètres de plage de sable fin, ses cours d’eau navigables et cet endroit – unique au monde – où le fleuve Lobé se jette dans la mer, la localité de Kribi ne manque pas d’atouts. Aux « exotiques » campements pygmées de la forêt environnante sont depuis longtemps venus s’ajouter hôtels et restaurants, qui ont contribué à faire de cette destination un incontournable lieu de villégiature.

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Eto’o, Noah, Osih…

Paul Biya n’a pas résisté à l’attrait de la ville. Le chef de l’État, réputé pour la rareté de ses déplacements à l’intérieur de son propre pays, y a effectué son dernier séjour non officiel, en dehors de son village de Mvomeka’a. C’était en 2011, quelques jours avant la proclamation des résultats de l’élection présidentielle. Accompagné de son épouse Chantal, il y avait passé quelques jours de vacances dans la résidence présidentielle. Une somptueuse demeure, bâtie par son prédécesseur Ahmadou Ahidjo et située au bord de la plage de Ngoye.

En quelques années, la ville s’est métamorphosée. Un changement imputable aux nombreuses infrastructures économiques qui y ont été construites : pipeline, centrale à gaz, cimenterie, autoroutes, port en eaux profondes… Mais aussi aux fortunes du pays et de la diaspora qui ont envahi les lieux pour s’y offrir des résidences secondaires. Kribi est la nouvelle destination fétiche des nantis camerounais.

Aux maisons de Samuel Eto’o et Yannick Noah se sont ajoutées les propriétés de l’ex-international camerounais de football et consultant de Canal+, Patrick Mboma. Ketty Sina, ancienne « Clodette », y possède un immeuble, situé non loin de la résidence de Véronique Moampea, directrice générale de la Société nationale des dépôts pétroliers (SCDP). Le député de l’opposition et homme d’affaires Joshua Osih est pour sa part propriétaire d’un hôtel. Quant à l’ancien ministre de la Défense, Edgar Alain Mebe Ngo’o, accusé de détournement de fonds et de blanchiment par le Tribunal criminel spécial (TCS), il y avait acquis une vaste propriété lorsqu’il était le préfet du département de l’Océan.

Problèmes fonciers

Il y a aussi ces hôtels dont le standing ne cesse d’augmenter, ainsi que les nombreuses maisons d’hôtes qui essaiment à travers la ville. Pour ces dernières, le visiteur peut débourser jusqu’à 1 000 dollars la nuitée et avoir ainsi droit à un bar, à une piscine privée voire à un jacuzzi…

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Dans un pays où les déplacements des membres du gouvernement à l’étranger dépendent du bon vouloir de la présidence de la République, Kribi est l’alternative idéale pour les hauts fonctionnaires en mal de vacances. La marina, où il était possible d’apercevoir le ministre Grégoire Owona ou la fille du président, Brenda Biya, faire une virée en yacht a certes dû fermer ses portes durant la pandémie. Mais de nouveaux établissements ont su profiter du rebonds post-Covid-19 et ont ouvert leurs portes, à l’instar du Java, le dernier-né des clubs de la ville.

Avec le boom immobilier sont toutefois venus les problèmes fonciers. Les populations riveraines sont de plus en plus nombreuses à se plaindre d’avoir été spoliées de leur terre. Selon le maire de Kribi, Guy Emmanuel Sabikanda, « 95 % des titres fonciers de la ville ont été sur la base de fausses déclarations ». « Nous préparons un collectif pour remettre tout cela en question et remédier à cette situation », a-t-il indiqué à Jeune Afrique.

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Incontournable depuis que la crise anglophone a affecté le tourisme de Limbé, l’autre ville balnéaire du pays située dans la région du Sud-Ouest, Kribi est devenue une escale obligée pour les « hommes forts » du Cameroun, où il fait bon être vu.

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