Des céréales ukrainiennes vers l’Afrique : le début d’un compte-gouttes ?

Après quelques départs commerciaux, le premier navire humanitaire affrété par l’ONU pour transporter du grain ukrainien vers l’Afrique a quitté le port de Pivdenny. Une goutte d’eau sur l’océan ?

 © Damien Glez

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Publié le 17 août 2022 Lecture : 2 minutes.

L’équation est aussi simple que fatale : la Russie et l’Ukraine assurent 30% des exportations mondiales de blé ; l’Ukraine agressée souhaitait réserver sa production de cultures de base à son marché national ; l’escalade des sanctions imposées à la Russie rendent les banques frileuses à financer le commerce des productions russes ; le conflit qui oppose Kiev et Moscou perturbe le fonctionnement des ports ; plusieurs pays d’Afrique, notamment de l’Ouest, importent plus de la moitié de leur blé d’Ukraine et de Russie…

Influencé ou pas par la visite en juin de Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine, à Vladimir Poutine, un accord a été signé par Kiev et Moscou, en juillet, via une médiation de la Turquie et sous l’égide de l’ONU, pour débloquer l’exportation des céréales ukrainiennes. La mise en œuvre dudit accord suscitera d’abord inquiétude, quand sera dérouté le Razoni, le premier bateau à quitter l’Ukraine. Le cargo devait accoster au Liban. Il rejoindra finalement la Syrie de l’allié de Poutine, Bachar el-Assad…

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Internationale des mangeurs de pain

Puis les navires chargés de céréales prendront enfin des destinations prévues comme la Turquie, l’Italie ou la Chine. Quid de l’Afrique dans la file d’attente internationale des mangeurs de pain ? Quelque 283 millions de personnes souffrant déjà de la faim, sur le continent, avant même que ne débute la guerre, l’Organisation des Nations Unies a enclenché un processus humanitaire. Mardi, le premier navire affrété par le Programme alimentaire mondial (PAM) quittait le port ukrainien de Pivdenny, gorgé de quelque 23 000 tonnes de céréales destinées à l’Afrique. Le Brave Commander a choisi la destination de Djibouti, les vivres étant destinées aux consommateurs d’Éthiopie.

Soucieux de relations publiques avec l’Afrique, le ministre ukrainien de l’Infrastructure, Oleksandre Koubrakov, a dit espérer que suivent « deux ou trois » navires supplémentaires affrétés par l’ONU. Certes, la nouvelle est bonne, pour le continent, mais quel sera le rythme et quelles seront les quantités de ces opérations, lorsqu’on connaît la dimension de l’Afrique, le volume de ses besoins et l’éloignement ouest-africain du nœud djiboutien ?

Des observateurs panafricains estiment que les perturbations logistiques ukrainiennes devraient inspirer au continent un renoncement à importer du blé européen, au profit de céréales locales. La nouvelle stratégie de la Banque africaine de développement (BAD) est, en tout cas, d’aider les pays d’Afrique à « se passer du blé russe ». L’établissement a débloqué un milliard de dollars pour accompagner le secteur agricole vers une autosuffisance même progressive et relative.

Mais il y a loin de la coupe au quignon. Entre importations au compte-gouttes et changement de paradigme à moyen terme, les Africains scrutent les greniers en période de soudure…

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