Brésil : avant les jeux, le cirque

Les dépenses pharaoniques occasionnées par l’organisation du Mondial de foot de 2014 et des JO de 2016 provoquent une vague de contestation sociale sans équivalent depuis vingt ans.

Manifestant narguant des policiers à Brasilia, le 17 juin. © Sipa

Manifestant narguant des policiers à Brasilia, le 17 juin. © Sipa

Publié le 28 juin 2013 Lecture : 2 minutes.

Le 15 juin à Rio de Janeiro, lors de la cérémonie d’ouverture de la Coupe des confédérations de football, sorte de répétition générale du Mondial 2014, Dilma Rousseff a été huée par la foule. Pendant ce temps-là, à São Paulo, l’augmentation de 7 % des tarifs des transports publics provoquait des manifestations parfois violentes. Le caractère disproportionné de la répression a été l’étincelle qui a enflammé tout le pays.

Le 17 juin, après un appel lancé sur les réseaux sociaux, ils étaient près de 250 000 à crier leur indignation dans une dizaine de villes. Les manifestants dénonçaient le prix du billet d’autobus ou de métro, mais aussi les dépenses pharaoniques (11 milliards d’euros) occasionnées par l’organisation du Mondial 2014 et des Jeux olympiques, dans trois ans, alors que les carences dans les domaines de la santé et de l’éducation sont criantes, que les expulsions de locataires et les déplacements de population sont monnaie courante.

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Depuis les manifestations de 1992 contre la corruption du gouvernement de Fernando Collor de Melo, le Brésil n’avait plus connu une vague de contestation sociale d’une telle ampleur. Pourtant populaire, la présidente Dilma Rousseff se retrouve en pleine tourmente, même si elle jure être « à l’écoute » de son peuple. « Les manifestations pacifiques sont légitimes et propres à la démocratie, estime-t-elle. Il est normal que les exigences de la population changent au fur et à mesure que nous transformons le pays, que la richesse s’accroît et que nous améliorons l’accès à l’emploi et à l’éducation. »

Renfort

Depuis, les tarifs des transports publics ont été revus à la baisse dans six villes, dont Rio et São Paulo, mais la contestation ne s’éteint pas. Le 19 juin, devant le stade de Fortaleza, lors du match Brésil-Mexique, 25 000 manifestants ont scandé « Brésil, réveille-toi, un professeur vaut plus que Neymar », référence au montant vertigineux du contrat conclu par l’attaquant vedette de la Seleçao avec le FC Barcelone. Celui-ci s’est pourtant déclaré solidaire du mouvement…

Appelé en renfort, l’ancien président Luiz Inácio Lula da Silva s’est entretenu avec Dilma Rousseff et Fernando Haddad, le maire de la ville – et membre du Parti des travailleurs. La présidente sait qu’elle ne peut échouer à rétablir le dialogue avec les contestataires. Car pour la première fois depuis son élection, en 2011, sa popularité est en baisse (57 %, contre 65 % en mars). Et l’élection présidentielle d’octobre 2014 approche à grands pas…

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