Et il est comment le dernier Deon Meyer ?

NICOLAS-MICHEL_2024

Publié le 17 juin 2013 Lecture : 2 minutes.

Recette pour un bon polar. Prenez d’abord une victime, de préférence féminine, jeune, jolie et dotée d’une forte poitrine. Transformez-la en cadavre, par exemple en la transperçant de part en part avec une lame longue et effilée. Disposez dans sa chambre des éléments troublants, si possible de nature sexuelle, comme un godemiché surdimensionné dans un tiroir de table de nuit. Mettez sur l’affaire un vieux flic bien campé, bourré de défauts très humains mais sympathique quand même. Il peut, par exemple, être vaguement alcoolique, divorcé, asocial et adepte des méthodes à l’ancienne, ne comprenant rien ni à Facebook ni à Twitter, et plus généralement au monde dans lequel vivent ses enfants.

N’en rajoutez pas trop tout de même, il faut qu’il soit intelligent, physiquement courageux, et qu’une histoire d’amour avec une belle femme reste de l’ordre du possible. Enfin, poivre sur le steak, opposez-lui un méchant digne de ce nom. Ou même plusieurs, afin de laisser planer le doute. Et si le méchant s’en prend directement au policier, c’est mieux. Imaginez par exemple un sniper qui aurait décidé de tirer sur les forces de l’ordre en leur reprochant par e-mail de ne pas vouloir résoudre le meurtre de la jeune cadre dynamique à grosse poitrine précédemment citée. Mélangez tout ça, agencez comme un compte à rebours, faites mariner dans une sauce financière, sociologique et politique bien étudiée, saupoudrez de particularismes locaux et vous obtiendrez… un Deon Meyer.

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Mais soyons clair, pour réussir cette recette et ne pas transformer le plat en fade gigot du dimanche, il faut un certain doigté dans la construction, une habile maîtrise des épices, une gestion équilibrée des ingrédients. Avec 7 Jours, son dernier opus, le Sud-Africain ne rate pas l’assaisonnement, et c’est peu dire que l’on dévore à belles dents les presque 500 pages de course-poursuite à la recherche du tueur de l’accorte blonde, tout en redoutant la menace du sniper cinglé. Notamment parce que l’écrivain n’a pas son pareil pour ausculter la nouvelle Afrique du Sud, toujours travaillée par la problématique raciale, et qu’il ose démonter, même s’il y est favorable, certains mécanismes pervers du Black Economic Empowerment.

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