Sénégal : peut-on sauver Dakar du naufrage pluvial ?
Soumises à une surpopulation en croissance perpétuelle et à une pression foncière aux répercussions délétères, Dakar et sa banlieue viennent de connaître, une nouvelle fois, des inondations dramatiques. Pourtant, des solutions existent.
C’est un rituel saisonnier, donc prévisible, dont les conséquences se sont à nouveau révélées tragiques. Chaque année, entre juillet et octobre, la saison des pluies transforme Dakar en piscine à ciel ouvert, occasionnant moult désagréments et des dommages parfois tragiques.
Le 5 août, des pluies diluviennes se sont ainsi abattues sur la capitale sénégalaise, paralysant la circulation, entraînant des coupures d’électricité et d’eau dans de nombreux quartiers et occasionnant diverses dégradations dans la conurbation surpeuplée où s’entassent près de 25 % des 17 millions de Sénégalais.
Trop-plein
Ce jour-là, un automobiliste a trouvé la mort dans le tunnel de Soumbédioune, sur la corniche Ouest de Dakar, où la pente empruntée par les véhicules a amplifié le phénomène causé par les précipitations subites. Alors que les voitures, immobilisées par la crue, se sont retrouvées ensevelies en quelques minutes, il n’a pu se dégager à temps de son véhicule.
« Personne n’a songé à installer un système de trop-plein dans ce tunnel, analyse l’architecte Pierre Goudiaby Atepa. Au-dessus de 1,20 m à 1,30 m, cela aurait permis aux eaux de s’écouler hors du tunnel. À défaut, on aurait dû fermer celui-ci à la circulation », ajoute t-il. Selon l’architecte, actuellement mobilisé pour la construction d’une annexe à la capitale congolaise, Kinshasa, « la mise en place d’un système d’assainissement efficace est l’une des priorités dans une grande ville ».
Car si nul ne saurait empêcher de fortes précipitations de s’abattre chaque année sur la région de Dakar, il serait en revanche possible d’en atténuer les effets. D’un bout à l’autre de l’échiquier politique, on s’accorde ainsi à pointer l’anarchie urbanistique qui caractérise l’évolution anarchique de la capitale sénégalaise, où les constructions tous azimuts, au cours des deux dernières décennies, ont accéléré le processus.
À cela s’ajoute l’incivisme de certains Dakarois, qui déversent de nombreux déchets dans les canaux
« On a laissé les populations s’installer dans des zones pourtant classées non ædificandi [non constructibles] », remarque l’opposant Thierno Bocoum, le président de l’Alliance générationnelle pour les intérêts de la République (Agir). « À cela s’ajoute l’incivisme de certains Dakarois, qui déversent de nombreux déchets dans les canaux, tel le Canal 4, qui traversent la capitale et sont censés permettre l’évacuation des eaux de pluie vers l’océan. Les autorités devraient curer ces canaux annuellement avant la saison des pluies », ajoute-t-il.
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