Elon Musk, Aliko Dangote et le foot anglais
La mauvaise blague d’un Africain richissime fait écho au graal d’un autre Africain richissime. Quand le football devient le fantasme ultime de pouvoir…
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 26 août 2022 Lecture : 2 minutes.
Le 17 août dernier, l’homme le plus riche du monde déclarait sur le réseau Twitter qu’il avait du mal à acquérir : « J’achète aussi Manchester United », le club de Premier League britannique. Un message du Sud-Africano-Canado-Américain Elon Musk qui fera immédiatement l’effet d’une bombe dans l’entourage du club des Red Devils. Quelques heures plus tard, propulsé en top tweets, le patron de Tesla précisera qu’il s’agissait d’une blague…
Déjà agacés par les difficultés de leur club dans le championnat, les fans mancuniens rient jaune et les twittos se déchaînent contre l’impudent milliardaire. Le fantasque Elon Musk aura appris qu’on plaisante de moins en moins facilement sur l’avenir des entreprises footballistiques, chargées d’émotions collectives susceptibles et d’enjeux économiques lourds…
Caprice et rêve de millardaires
Si le tweet apparemment surréaliste a été pris au sérieux pendant quelques heures, c’est que la possession d’une équipe prestigieuse est un caprice désormais traditionnel des ultrariches, oligarques russes, princes qataris, mais également milliardaires africains. Le tweet d’Elon Musk – sud-africain d’origine – rappelle que le plus riche du continent africain, le Nigérian Aliko Dangote, trépigne, lui, depuis au moins seize ans, à l’idée d’acquérir un autre club d’Angleterre : Arsenal. Celui qui a constitué sa fortune autour de l’engrais, du sucre raffiné ou encore du ciment, a remis vingt fois sur le métier son ouvrage d’acquisition annoncée, notamment lors d’actes de flibusterie entrepreneuriale en 2016, 2020 et 2021. Sans succès. Les Gunners rechignent toujours au mariage.
Un fortuné assis sur des matières premières ou des technologies a bien souvent le rêve d’imprégner la culture contemporaine, qui par le mécénat d’un artiste ou d’une institution, qui – donc – par le rachat de parts conséquentes dans une entité à vocation sportive. Il est question de « danseuses » – ces joujoux de parvenus sociaux –, de sincère passion parfois enfantine, de lifting d’image, voire de tremplin politique. En Afrique toujours, la popularité dont espère jouir un jour le présidentiable congolais Moïse Katumbi sera toujours un peu teintée de l’histoire si remarquable du « Tout Puissant Mazembe » qui fait la fierté de la République démocratique du Congo.
Si la fortune permet d’acquérir beaucoup, elle n’a manifestement pas permis à Elon Musk de s’offrir un sens de l’humour opérationnel sur des réseaux dont il fait pourtant un usage abondant. Et pour aller dans l’espace, comme sa société SpaceX le propose, inutile d’avoir des crampons…
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