Entre inondations et sècheresse : chère maudite pluie
Sur un continent où cohabitent aridité et déluges, l’Afrique de l’Ouest attend la fin de la saison des pluies en comptant les victimes et en cherchant les responsables.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 23 août 2022 Lecture : 2 minutes.
Après les centaines de décès enregistrés en Afrique du Sud, suite aux inondations d’avril, c’est l’Afrique de l’Ouest et centrale qui entrait dans la danse macabre de son traditionnel « hivernage ». En juillet, des pluies torrentielles causaient d’énormes dégâts en République centrafricaine, au Niger, au Tchad, au Sénégal ou en Côte d’Ivoire, au point, dans ce dernier pays, d’affoler les organisateurs d’une prochaine Coupe d’Afrique des nations.
Sur le continent, la manne du ciel est une bénédiction à double tranchant. Les excès d’une pluviométrie, ardemment souhaitée par les cultivateurs, n’ont pas pour seules conséquences les destructions d’habitations ou d’infrastructures, parfois sous l’effet conjugué de glissements de terrain. C’est avec des morts, des sinistrés tétanisés et des déplacés égarés que la Gambie, par exemple, a subi, début août, ses pires inondations depuis près d’un demi-siècle. Le Soudan dénombrait plus d’une soixantaine de décès mi-août.
Déforestation, urbanisme…
En Afrique comme en Iran, au Pakistan ou aux États-Unis, les pluies torrentielles se sont multipliées, instillant l’impression que les inondations étaient de plus en plus nombreuses et leurs conséquences de plus en plus dramatiques. Mémoire courte ou effets du changement climatique ? Même alarmistes, les climatologues auront besoin de recul pour faire le bilan des années en cours. Mais maudire le ciel ne suffira pas.
Par déni ou pour éviter d’avouer leur manque de moyens à allouer au drainage, certains dirigeants ne semblent pas saisir l’ampleur du phénomène et ne prennent pas les mesures d’urgence de nature à affronter les aléas climatiques. Il faut dire que le rythme de sénateur des rendez-vous électoraux n’est pas celui de l’urbanisation qui aggrave non seulement les effets des inondations, mais provoque les inondations elles-mêmes.
En déforestant puis en s’installant anarchiquement, les populations créent des environnements inondables. Et lorsque la dangerosité de leurs implantations est avérée, à l’épreuve des sinistres, ce sont parfois les mêmes urbains qui pataugent mais refusent de se plier au volontarisme de politiciens qui les enjoignent de quitter les zones inondables.
Les plus fatalistes soulignent l’injustice dans la répartition des pluies, à la fois dans le temps et dans l’espace. Les peuples meurtris par l’excès d’eau seront, bien souvent, quelques mois plus tard, en quête d’un précieux liquide qu’il aura été impossible de stocker ou d’assainir. Sur le plan géographique, alors que les Ouest-Africains se débattent dans les flots envahissants, leurs cousins de l’Est ou du Nord – au Kenya, en Somalie ou au Maroc – subissent les affres de la sécheresse qui affame hommes et bêtes…
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