Cameroun : pourquoi le patron d’Eneo a été interpelé
Le Belge Patrick Eeckelers a été entendu le 17 août, pendant près de deux heures, dans les locaux de la police judiciaire à Yaoundé, à la suite d’une dénonciation d’un employé récemment licencié pour fraude. Actionnaire de référence de l’énergéticien, le fonds britannique Actis dénonce un tel traitement.
Près de cinq mois après avoir pris les rênes d’Energy of Cameroon (Eneo), Patrick Eeckelers a eu à goûter à la brutalité du dispositif judiciaire local. Le 17 août, alors qu’il achève son petit déjeuner au restaurant de l’hôtel Hilton de Yaoundé, le Belge est rudement apostrophé par des policiers en tenue civile qui lui ordonnent de les suivre.
Patrick Eeckelers n’a pas le temps d’alerter qui que ce soit, ni de récupérer des documents personnels, qu’il est énergiquement placé dans un taxi qui le conduit à la direction de la police judiciaire, où il passera près de deux heures. Avec la menace d’être jeté dans une cellule, après avoir été entendu. « Il faudra l’intervention des huiles de la police pour qu’il soit relâché », selon le courrier que David Alderton – le président administrateur général de Cameroon Power Holdings (CPH), la filiale du fonds britannique Actis qui détient 51 % du capital de l’énergéticien camerounais – a adressé deux jours plus tard au premier ministre camerounais, Joseph Dion Ngute.
Les policiers agissaient sur la base d’une réquisition du parquet, à la suite d’une dénonciation d’un employé licencié quelques jours plus tôt, pris en flagrant délit de fraude, précise une source proche du dossier contactée par Jeune Afrique.
« Les conditions de cette interpellation interrogent sur le traitement que l’État du Cameroun réserve aux représentants d’investisseurs étrangers et pèsent négativement sur la relation de confiance qui devrait exister entre le partenaire stratégique Actis et le pays », s’indigne David Alderton. Lequel ajoute que d’autres cadres, locaux comme expatriés, de l’énergéticien sont sujets à des convocations, interpellations ou menaces de mise en détention pour divers motifs. Sur ce plan, les réseaux sociaux camerounais grouillent, depuis ce 22 août, d’une alerte sur l’éventuelle interpellation du secrétaire général de l’entreprise, Henri Epesse, par la police judiciaire. « Une fake news », répond-on au sein d’Eneo.
Cette arrestation est loin de constituer un précédent. Alors qu’il dirigeait Eneo, le Camerounais Joël Nana Kontchou avait été entendu une journée durant dans les locaux de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE), les services spéciaux, sur la base d’une dénonciation anonyme. Son successeur, le Français Eric Mansuy, avait quant à lui fait l’objet de menaces de mort.
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