Asecna : Macky Sall obtient in extremis la suspension de la grève des contrôleurs

La mobilisation promettait d’être historique. Les syndicats des contrôleurs aériens de l’Asecna ont finalement accepté, à la demande du président sénégalais, de suspendre la grève qui devait démarrer le 25 août. Pour l’instant…

Le siège de l’Asecna à Dakar. © DR

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Publié le 24 août 2022 Lecture : 3 minutes.

De Dakar à Cotonou, en passant par Abidjan et N’Djamena, les perturbations promettaient d’être très lourdes dans les aéroports des 17 pays africains membres de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna)*, basée dans la capitale sénégalaise. Le 25 juillet dernier, l’Union des syndicats des contrôleurs aériens (Usycaa) avait en effet déposé le préavis d’une grève qui devait démarrer ce jeudi 25 août et durer jusqu’au samedi 27.

Lundi, le chef de l’État sénégalais, également président en exercice de l’Union africaine, a rencontré les représentants du Syndicat des aiguilleurs du ciel du Séné­gal (Sacs, membre de l’Usycaa) lors de la réunion extraordinaire du Comité des ministres à Dakar. Et les discussions ont, très visiblement, porté leurs fruits : la grève a finalement été suspendue, ont annoncé les syndicats par voie de communiqué, ce jeudi 24 août. Le mouvement est annulé « jusqu’à nouvel ordre », et « suite aux demandes formulées par des ministres des pays membres de l’Asecna et du président sénégalais Macky Sall », précise à Jeune Afrique François Gomis, secrétaire général du Sacs.

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Il s’agit, assure encore le communiqué, de « donner une dernière chance au dialogue » aussi longtemps que « l’administration de l’Asecna fera preuve de bonne foi lors des discussions à venir ». « À ce stade, il n’y a pas d’accord clairement établi. Nous avons juste suspendu la grève pour donner une chance aux négociations qui auront lieu avec la direction générale de l’Asecna », explique Fulbert Bembamba, secrétaire général du Syndicat national des contrôleurs aériens et assimilés du Burkina (Syncab). L’Usycaa se réserve en effet le droit de réactiver son préavis de grève « si d’aventure les conditions d’un dialogue direct et franc sont compromises ou si les conclusions de ce dialogue ne sont pas satisfaisantes ».

115,6 milliards francs CFA de recettes

Les aiguilleurs du ciel ont listé leurs revendications en une série de 19 points, parmi lesquels le renforcement des capacités opérationnelles, l’épanouissement professionnel, l’amélioration du plan de carrière des contrôleurs aériens, les revalorisations salariales – en particulier pour les heures de nuit –, mais aussi la suspension des commissions mixtes de qualification. « Nous avons besoin de plus de formation continue, notamment en anglais, mais aussi de nouveaux équipements, martèle François Gomis. Par ailleurs, nous sommes en sous-effectif depuis des années, et nous manquons cruellement de moyens. Il est aujourd’hui essentiel de renforcer nos capacités opérationnelles. » Les syndicats entendent obtenir des avancées sur les négociations dans un délai de dix jours, mais n’ont pas encore formellement posé d’ultimatum à la direction de l’Asecna.

L’Agence est, à l’image du secteur aérien dans son ensemble, en difficulté. Au lendemain de la pandémie, les caisses de l’agence se sont vidées de moitié. La baisse du trafic aérien mondial a eu raison des revenus générés par les redevances perçues sur chaque vol. Sur la seule année 2020, l’Asecna a perdu 115,6 milliards F CFA (176,2 millions d’euros) de recettes.

Selon un rapport publié le 10 juin dernier par l’Association des compagnies aériennes africaines (Afraa), qui regroupe 44 compagnies, le trafic aérien n’est qu’à 66,3 % du niveau auquel il était avant le déclenchement de la pandémie de Covid-19. « Les taux de remplissage restent faibles en raison du coût élevé des billets et de l’apathie des voyageurs », notent les auteurs de ce rapport. Au total, les pertes estimées des compagnies aériennes africaines pour l’année en cours sont estimées à 4,1 milliards de dollars (4,12 milliards d’euros)… Une situation délicate, mais cependant de moindre envergure que pour l’année 2021, lors de laquelle le manque à gagner avait été du double, avec 8,6 milliards de dollars de recettes en moins.

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(*) Les pays membres de l’Asecna : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Centrafrique, Comores, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée-Bissau, Guinée Équatoriale, Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad et Togo.

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