Tunisie : Hamed Karoui sort du bois

L’ex-Premier ministre de Ben Ali veut fédérer destouriens et anciens membres du RCD. Problème : ces derniers risquent d’être exclus de la vie politique.

Hamed Karoui en novembre 2010. © HICHEM

Hamed Karoui en novembre 2010. © HICHEM

Publié le 17 juin 2013 Lecture : 1 minute.

Depuis la révolution, Hamed Karoui faisait profil bas, comme ses anciens camarades du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), au pouvoir pendant vingt-trois ans. On le disait à distance des circuits politiques, se contentant de prodiguer parfois des conseils à un autre natif de Sousse, Hamadi Jebali, ex-chef du gouvernement, dont il est parent et ami. Aussi l’ancien Premier ministre de Ben Ali (1989-1999) a-t-il pris au dépourvu la classe politique en revendiquant sans complexe au micro de Shems FM, le 30 mai, « avoir servi la patrie » à travers un « parti qui a offert au pays son indépendance et qui a construit l’État moderne ». Tout juste a-t-il reconnu quelques manquements, dont « la non-mise en place d’une démocratie ».

Contre-pied

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Hamed Karoui fait ainsi un retour remarqué sur scène, en prenant à contre-pied certains anciens dirigeants qui préfèrent se prévaloir du mouvement destourien porté par Habib Bourguiba et occulter la parenthèse Ben Ali. À 85 ans, ce pneumologue bat ouvertement le rappel des troupes du RCD au moment où un projet de loi les excluant de la vie politique est soumis à l’Assemblée nationale constituante. Il affirme que ceux contre lesquels rien n’a été retenu « ont le droit de vivre et d’être actifs au grand jour ». Et il entend lancer un mouvement qui « unirait tous les anciens du parti destourien et de son successeur, le RCD ».

Son initiative pourrait concurrencer Nida Tounes,la formation fondée par Béji Caïd Essebsi, un ami de soixante ans. Mais en soutenant que « Nida Tounes rejette les anciens de Ben Ali », il rend paradoxalement service à ce parti parfois accusé d’être noyauté par des RCDistes. S’il est certain que Hamed Karoui multiplie les contacts – avec Abderrahmane Limam, ancien gouverneur de Sousse, ou Abderrahim Zouari, ex-ministre des Transports -, son projet n’est pas encore précis. Néanmoins, l’émoi qu’il a suscité souligne la bipolarisation d’un paysage politique qui ne s’est pas émancipé de l’ancien régime.

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