Musique : Gasandji, femme de conscience

Auteure-compositrice-interprète, Gasandji livre un premier album remarqué. Née en RDC, elle mélange habilement dans ses compositions l’Afrique, où elle est née, et l’Europe, où elle vit.

Lors de la Nuit sans frontières à Saint-Ouen, le 14 avril. © Vincent Fournier pour J.A.

Lors de la Nuit sans frontières à Saint-Ouen, le 14 avril. © Vincent Fournier pour J.A.

ProfilAuteur_MichaelPauron

Publié le 5 juin 2013 Lecture : 3 minutes.

Un prénom et tout un programme. Gasandji, ou « Celle qui éveille les consciences » en pende, est née en RDC, a grandi en partie au Gabon, où son père travaillait, et en France. Sa musique reflète ce parcours entre le continent qu’elle a quitté en 1992, à l’âge de 13 ans – « la fin de l’enfance », confie-t-elle -, et l’Europe, où la danse hip-hop l’a d’abord happée (elle a accompagné notamment MC Solaar et Princess Erika) avant qu’elle ne se consacre à la musique.

Son univers est africain, mais teinté sans complexe d’accents blues, jazz et pop. Ses textes en lingala (« Teléma », « Lobiko »), en français (« Le Temps », « Maman ne m’a pas dit »…) ou en anglais (« Help Me ») – « la langue s’impose en fonction des mots… » – respirent la mélancolie douce, l’espoir et l’amour (« Na Lingui Yo », « je t’aime » en lingala). Une fusion musicale en partie inspirée de trois cassettes dérobées à son père le jour de son départ pour l’Hexagone. « La situation devenait compliquée en RDC, et mon père a choisi de m’envoyer étudier au Pré-Saint-Gervais dans un internat. Je voulais emporter quelque chose de lui. Il adorait la musique. Je suis donc partie avec Otis Redding, Tabu Ley Rochereau et un album de musique country. Je n’ai écouté que ça pendant des années. »

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Si le chef de famille était un mélomane averti (et un ami de Pépé Ndombe), il était surtout un ingénieur qui considérait les diplômes comme l’unique sésame de la réussite. « Je me suis engagée dans plusieurs cursus scolaires, afin de repousser au maximum le moment où j’allais lui annoncer ma décision de vivre de la musique. » La réaction a été fraîche et la brouille a duré plusieurs années, jusqu’à son retour en Afrique en 2005 et une réconciliation qui se révélera libératrice.

Bluff

Son parcours musical est déjà bien entamé grâce à sa rencontre en octobre 2001 avec Lokua Kanza. L’artiste congolais l’aide à produire sa première démo et l’invite à faire la première partie de ses concerts. Quelques années de plus sont nécessaires à la réalisation de son premier disque. Entre-temps, sa fille naît, en 2007 ; « le tournant le plus important de ma vie », assure la jeune femme, qui décide de prendre son destin en main. « Après avoir enregistré mon album, j’ai pris le train pour Londres, c’était en mars 2011. Je suis allée à la BBC et j’ai demandé une personne dont le nom figurait dans un guide pour musiciens… » Le bluff fonctionne et le retour est immédiat : un mail le jour même l’invite à se produire en live sur la radio la plus écoutée d’Angleterre. S’ensuivent une série de nouvelles premières parties, avec Amadou et Mariam ou Keziah Jones, dont elle emprunte désormais l’un des guitaristes, le Togolais Amen Viana.

Sur scène, avec ou sans sa guitare, elle retrouve la fluidité de la danseuse, susurre au public ses mots doux et laisse déborder sa sensibilité. Moment de partage avec un public qu’elle chérit et remercie chaque jour ou presque sur son blog comme si son adhésion était plus un don du ciel que le fruit de son talent. Son album, intitulé… Gasandji, a déjà reçu le prix Coup de coeur chanson française de l’Académie Charles Cros. Et le 5 juin, c’est à Paris, aux Trois Baudets, qu’elle fêtera la sortie de ce premier opus, bien parti pour faire d’elle une artiste incontournable.

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