Centrafrique : qui peut encore empêcher un nouveau mandat de Faustin-Archange Touadéra ?
Lancé dans une réforme constitutionnelle, le président centrafricain parie sur une opposition divisée, une communauté internationale désabusée et des alliées rwandais et russes solides.
Ce 6 août, dans les rues de Bangui, les sifflets couvrent l’habituel bruit des motos et des véhicules en tout genre. Aux premières heures du jour, des dizaines de personnes ont commencé à investir le centre-ville de la capitale centrafricaine, au niveau du monument des Martyrs, traditionnel lieu de rassemblement. Leur nombre passe à plusieurs centaines, puis à plus d’un millier. Leur objectif : obtenir l’organisation d’un référendum pour modifier l’actuelle Constitution du pays, et ainsi permettre au président Faustin-Archange Touadéra (FAT) de briguer un troisième mandat. Tenues par des jeunes gens, dont certains sont à peine en âge de glisser un bulletin dans l’urne, les banderoles affichent de grands « Oui » pour un « avenir meilleur ». Un autre slogan est plus clair : « Touadéra doit continuer ».
Au cœur de cette bruyante atmosphère, plusieurs ministres ont fait le déplacement, dont le premier d’entre eux, Félix Moloua. Ce dernier reçoit solennellement une demande écrite de la part des manifestants, réclamant la tenue d’une consultation populaire visant à obtenir une modification de la Constitution. Hippolyte Ngate, le président du Front républicain, organisation qui encadre officiellement la manifestation, se charge de transmettre le message au Premier ministre. « Le peuple ne veut qu’une chose, la modification de cette Constitution caduque […]. Nous [en] demandons une nouvelle, adaptée à la réalité du pays », assure-t-il.
En fin de matinée, la ferveur retombe. Chacun rentre chez soi, le sentiment du devoir accompli. Les poches souvent plus pleines aussi. La majorité présidentielle, et en particulier le Mouvement cœurs unis (MCU, au pouvoir), ne s’est en effet pas privée de rémunérer les manifestants. Certains ont reçu 15 000 francs CFA (23 euros). D’autres moins. Et encore, les « marcheurs » de la capitale sont mieux payés que ceux ayant battu la latérite dans des préfectures éloignées. Plusieurs se sont même plaints aux relais locaux du parti au pouvoir de n’avoir reçu que 500 F CFA. Malgré les efforts de la majorité, notamment à l’Assemblée nationale, l’argent a manqué par endroits. Mais l’opération est, sans conteste, un succès.
Une réforme imposée à son propre camp
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