France-Maroc : le cas de l’imam Hassan Iquioussen devant le Conseil d’État

La plus haute juridiction administrative française se penche, ce vendredi, sur la requête du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui entend obtenir à terme l’expulsion du prédicateur.

Le Conseil d’État, à Paris. © JP PARIENTE/SIPA

Publié le 25 août 2022 Lecture : 2 minutes.

La décision du Conseil d’État concernant l’imam Hassan Iquioussen, né en France mais de nationalité marocaine, est attendue dans les 48 heures. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait annoncé le 28 juillet l’expulsion du prédicateur, réputé proche des Frères musulmans, pour des appels à la haine et à la violence contre la communauté juive, notamment.

Dans un arrêté ministériel, le ministère de l’Intérieur justifiait cette expulsion par le fait que l’imam diffusait « auprès d’un large public depuis le début des années 2000 (…) un discours prosélyte émaillé de propos incitant à la haine et à la discrimination et porteur d’une vision de l’islam contraires aux valeurs de la République ». Le ministère lui reprochait notamment « un discours à teneur antisémite particulièrement virulent » et de prôner la « soumission » des femmes « au profit des hommes ». Gérald Darmanin, a également indiqué début août que le prédicateur était fiché S par les renseignements intérieurs français « depuis dix-huit mois ».

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« Pas de menace pour l’ordre public »

« C’est à la justice de décider de l’éloignement » de Monsieur Iquioussen avait réagi son avocate Me Lucie Simon, après l’annonce de l’arrêté d’expulsion, estimant que son client « ne représente aucune menace grave pour l’ordre public ». L’avocate avait déposé devant le tribunal administratif de Paris un recours contre l’arrêté d’expulsion. Le lendemain, celui-ci décidait de suspendre l’expulsion vers le Maroc en estimant qu’elle porterait une « atteinte disproportionnée » à la « vie privée et familiale » de l’imam, bien qu’il admettait que celui-ci avait tenu des « propos rétrogrades » sur la place de la femme dans la société française. Mais, selon le tribunal, cela ne pouvait justifier la mesure d’expulsion de Monsieur Iquioussen « né en France où il réside depuis sa naissance avec son épouse, ses cinq enfants français et ses quinze petits-enfants français ». Concernant les propos antisémites, « il ne ressort pas des pièces du dossier qu’il aurait réitéré des propos antisémites postérieurement à 2014 », selon la décision.

Dans un entretien publié par le Journal du dimanche, Gérald Darmanin s’est dit « surpris » par la décision du tribunal. Depuis qu’elle a pris la défense de Hassan Iquioussen, Me Lucie Simon a reçu de nombreux messages de menaces et d’injures. L’une des trois magistrats qui a signé l’ordonnance de suspension de l’expulsion de l’imam a elle aussi été menacée et a vu son nom publié sur Twitter. Les deux femmes ont déposé plainte auprès du tribunal judiciaire de Paris.

(Avec AFP)

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