Football – AS Monaco : bras de fer en Ligue 1 française
Les autorités françaises veulent soumettre l’AS Monaco, propriété d’un milliardaire russe, au même régime fiscal que les autres clubs.
Au Paris Saint-Germain, il y a Nasser Al-Khelaïfi, patron de Qatar Sports Investments (QSI). À l’AS Monaco, il y a Dmitri Rybolovlev, l’homme d’affaires russe qui vient de faire remonter le club en Ligue 1 après deux ans de purgatoire. Disposant désormais de moyens financiers quasi illimités, les deux clubs semblent promis à une domination totale sur le football français, pendant des années. Enfin, en principe.
Cent dix-neuvième fortune mondiale (9,1 milliards d’euros), selon le magazine Forbes, Rybolovlev enflamme déjà le marché des transferts et recrute à tour de bras : les attaquants colombiens James Rodríguez (FC Porto, 45 millions d’euros) et Radamel Falcao (Atlético Madrid, 60 millions), le milieu portugais João Moutinho (FC Porto, 25 millions)… Et ce n’est qu’un début. Mais pour l’instant, l’oligarque ne recrute pas en Ligue 1. C’est qu’il a quelques comptes à régler avec le football français.
Depuis une réunion du conseil d’administration de la Ligue de football professionnel (LFP), le 21 mars, le torchon brûle entre les clubs professionnels et l’ASM. L’instance dirigée par Frédéric Thiriez s’est mis en tête de contraindre le club monégasque à installer son siège social en France à partir du 1er juin 2014, afin de le soumettre au même régime fiscal et social que les autres. En vertu d’une ordonnance du 8 février 1869, un joueur étranger qui signe à l’ASM ne paie en effet pas d’impôt, alors qu’un joueur français est normalement imposé en France, mais bénéficie, comme l’étranger, d’un abattement de 20 % sur ses charges sociales. Déjà touchés par la suppression du droit à l’image collective (DIC), il y a trois ans, et la future taxe à 75 %, les clubs français veulent en finir avec les avantages accordés aux Monégasques. Certains présidents ont envisagé un boycott en 2013-2014. Patron de l’Olympique de Marseille, Vincent Labrune ne voit quant à lui dans l’ASM, sept fois champion de France, qu’un « club étranger ».
Indemnité
Au mois d’avril, Noël Le Graët, président de la Fédération française de football, s’est rendu en Principauté pour rencontrer Rybolovlev et ses lieutenants. L’entrevue s’est mal passée, le Russe accusant le Français d’avoir tenté de monnayer une paix des braves en échange du versement d’une indemnité de 200 millions d’euros étalée sur cinq ans. Et le Français lui retournant l’accusation. À peine engagées, les négociations ont donc capoté, et Monaco a saisi le Conseil d’État pour faire annuler la décision du 21 mars. Verdict attendu le 20 juin. D’ici là, l’ASM aura sans doute dépensé quelques millions supplémentaires…
>> À lire : Taxe à 75%, la France contre son camp ?
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