Union africaine : fin de l’état de grâce pour Dlamini-Zuma

Élue en juillet 2012 à la tête de la Commission de l’UA, Nkosazana Dlamini-Zuma essuie déjà des critiques.

L’ex-ministre sud-africaine des Affaires étrangères et le premier ministre éthiopien. © AFP

L’ex-ministre sud-africaine des Affaires étrangères et le premier ministre éthiopien. © AFP

GEORGES-DOUGUELI_2024

Publié le 10 juin 2013 Lecture : 2 minutes.

C’est un petit déjeuner comme le Sheraton d’Addis-Abeba sait en mitonner pendant les sommets de l’Union africaine (UA). On y voit passer ministres, diplomates, journalistes, anciens secrétaires généraux de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA)… En janvier, lors de la précédente grand-messe continentale, le même décor garni de croissants et de café au lait résonnait de commentaires positifs sur les premiers pas de Nkosazana Dlamini-Zuma à la tête de la Commission de l’UA. L’énergie déployée lors de la conquête du pouvoir, sa compétence, sa capacité d’écoute… Mais fin mai, lors du 21e sommet, l’état de grâce paraissait terminé. Dlamini-Zuma a dû présenter ses excuses aux délégations des pays membres pour les ratés de l’organisation du sommet, et a eu bien du mal à faire oublier les ambitions hégémoniques de son pays, l’Afrique du Sud.

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Le reproche le plus fréquent vise le fameux shadow cabinet, composé d’une trentaine de personnes, majoritairement des Sud-Africains, directement payées par Pretoria. Ce sont eux qui exercent la réalité du pouvoir. « Je ne suis pas contre l’existence des cabinets fantômes lorsque les conseillers qui le composent veillent à la bonne application de la politique menée par la présidence de la Commission, confie un ancien patron de l’organisation. Mais les choses vont de travers lorsque leurs champs d’action débordent sur ceux des commissaires élus par les États membres. » Pour ne rien arranger, Dlamini-Zuma a relégué au second plan son directeur de cabinet, le Burkinabè Jean-Baptiste Natama, au bénéfice de Baso Sangqu, ancien ambassadeur de l’Afrique du Sud aux Nations unies. C’est Sangqu qui accompagne Zuma dans les huis clos, et Natama est loin d’avoir la même marge de manoeuvre qu’avait le Nigérian John K. Shinkaiye, qui épaulait Jean Ping. Les mêmes Sud-Africains ont tenté d’écarter le directeur du département paix et sécurité, le Mauritanien El-Ghassim Wane, l’indispensable lieutenant du commissaire Ramtane Lamamra. Ils se sont heurtés à une opposition catégorique de ce dernier, qui a mis sa démission dans la balance.

Absences

Les absences de Dlamini-Zuma font également le miel de ses détracteurs, francophones mais aussi anglophones. Elle se rend au moins une fois par mois en Afrique du Sud. « Elle reste un membre actif du Congrès national africain [ANC] ; elle assiste régulièrement à ses meetings », explique Paul-Simon Handy, directeur de recherche à l’Institut d’études de sécurité (ISS), à Pretoria. Cabinet parallèle mais aussi immixtion des ambassades d’Afrique du Sud accréditées dans les pays où Dlamini-Zuma voyage (les diplomates sud-africains exigent un traitement de chef d’État), occasionnant des embarras protocolaires… « Tout n’est pas perdu, tempère l’un de ses prédécesseurs. Elle peut encore rattraper ses maladresses ».

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