Sénégal : les féministes déterminées à « emmerder » les nouveaux députés

Au lendemain des élections législatives du 31 juillet, des militantes s’organisent pour obtenir la modification d’articles controversés du code de la famille. Au risque d’irriter les leaders religieux.

Marche blanche contre les violences faites aux femmes, à Dakar, le 19 décembre 2021. © CARMEN ABD ALI/AFP

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Publié le 26 août 2022 Lecture : 4 minutes.

Le texte est souvent cité comme un exemple du dialogue « à la sénégalaise ». Adopté sous Senghor en 1972, le code de la famille est le fruit d’un compromis entre acteurs politiques et leaders religieux. Une partie de la population semble toutefois avoir été mise à l’écart des discussions : les femmes. Issu d’un consensus délicat, le texte contient en effet plusieurs dispositions jugées inéquitables par les groupes féministes.

« Les associations féministes n’existaient pas encore à l’époque [de la création] du code », remarque Aby Diallo. Elle est la présidente de l’Association des juristes sénégalaises (AJS), l’une des principales organisations féministes du pays, mobilisée depuis des années pour faire réviser certaines dispositions du code de la famille. Un combat lent et compliqué. « Comme le texte est le fruit d’un consensus et touche aux questions religieuses, c’est délicat, et les gens sont prudents », explique-t-elle. D’autant que « les religieux ont pesé de tout leur poids » dans la rédaction des articles touchant au statut et à l’organisation de la famille.

Le mari, chef de famille

Certaines dispositions du texte établissent de fait une inégalité entre l’homme et la femme. Deux articles en particulier sont dans le viseur des féministes. Le premier, l’article 152, consacre la « puissance maritale de l’homme » : « Le mari est le chef de la famille, il exerce ce pouvoir dans l’intérêt commun du ménage et des enfants. »  « Le choix de la résidence du ménage appartient au mari ; la femme est tenue d’y habiter avec lui et il est tenu de l’y recevoir », complète l’article 153.

Forcer la femme qui travaille à suivre automatiquement son mari est discriminatoire

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