Une semaine en enfer

FRANCOIS-SOUDAN_2024

Publié le 27 mai 2013 Lecture : 2 minutes.

Scène d’horreur en direct live à Woolwich, est de Londres, à l’heure du thé. Un homme au regard de zombie, les mains rouges de sang, un hachoir, le cadavre d’un soldat anglais : Boko Haram ? Jihad « made in U.K. » ? Attentats simultanés à Agadez et à Arlit, au Niger. Deux 4×4 gorgés de TNT, deux explosions audibles à vingt kilomètres à la ronde : Mujao ? Suicide à la Da Vinci Code, dans le choeur de Notre-Dame, à Paris. Une balle dans la bouche d’un ancien de l’OAS, sous les yeux des fidèles terrifiés : fanatisme suprême ? Un fil conducteur dans cette semaine que nous venons de vivre, cathodique, chaotique, ultraviolente : l’islam. L’islam perverti et dévoyé des terroristes, la haine de l’islam d’un écrivain malade et fascisant.

Ceux qui annonçaient la fin d’Al-Qaïda après la mort de Ben Laden se sont donc trompés. L’hydre est bien vivace, seules les méthodes ont changé. Semer la terreur au ras du sol par des actes de tueurs à la chaîne, choisir des cibles symboliques, filmer et se faire filmer, privilégier le jihadisme kamikaze aux attentats de masse : les leçons du prédicateur Abou Moussab al-Souri, star du web extrémiste, ont été suivies. Le champ est large, il est vrai, pour qui veut teinter son désir de revanche sociopathe d’un vernis religieux. L’intervention française au Mali et la participation des forces spéciales britanniques au sanglant nettoyage des bastions nigérians de Boko Haram fournissent aux salafistes radicaux des banlieues de l’islam de quoi chaque jour alimenter leur soif de vengeance. Les images effrayantes de la barbarie à l’oeuvre dans les deux camps en Syrie, celles des femmes éventrées par les miliciens d’Assad comme celles du rebelle cannibale éviscérant un soldat, sont des sources d’inspiration, comme le furent hier pour Mohamed Merah les Gazaouis bombardés par Israël et les villageois afghans massacrés par un sergent américain.

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>> À lire cette semaine dans "Jeune Afrique", entretien exclusif avec Manuel Valls : "Il faut combattre la violence qui s’exerce au nom d’un islam radical et dévoyé"

La haine se nourrit de la haine, et réciproquement. C’est parce qu’il voulait dénoncer, par son « sacrifice politique », une France où « l’immigration afro-maghrébine » serait en passe d’empêcher « la perpétuation de [s]a race et de [s]on esprit » que l’ancien soldat perdu de l’Algérie française s’est donné la mort – suscitant « le respect » ému de Marine Le Pen (37 % de bonnes opinions dans le dernier sondage Ifop-Paris Match). Les frères tueurs du marathon de Boston, tout comme les sectateurs du Mujao ou de Boko Haram, se sont, eux, construits sur une obsession inverse, mais symétrique : la certitude que les musulmans étaient pris pour cibles par le reste du monde. Racisme, jihadisme, même combat au fond, comme le dit avec justesse le ministre français de l’Intérieur, Manuel Valls, dans l’entretien que nous publions cette semaine. Un combat les armes à la main contre des démocraties occidentales guettées par le vide politique, où les grands partis de gouvernement, de moins en moins suivis par leurs électeurs, se rapprochent de plus en plus de leurs extrêmes. Sombre semaine, décidément…

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