Livres: l’esclavage en cartes et en images
« L’Atlas des esclavages », un ouvrage exhaustif, et un sobre album photographique racontent à leur manière, complémentaire, le commerce des êtres humains.
Dire l’esclavage, exprimer l’horreur de la traite. Nombreux sont les ouvrages qui reviennent sur ce « passé qui ne passe pas », le plus souvent au travers de la question polémique des « réparations ». Dans le fouillis de la production éditoriale, certains livres se distinguent par leur pertinence. C’est le cas de la nouvelle édition de l’Atlas des esclavages. De l’Antiquité à nos jours, de Marcel Dorigny et Bernard Gainot. Refusant de se focaliser sur la traite entre l’Afrique, l’Europe et les États-Unis, les auteurs décortiquent la question en cartes et graphiques, de l’Antiquité méditerranéenne aux persistances actuelles, pour offrir un panorama quasi exhaustif – et terrifiant de précision. La traite dans l’océan Indien, les royaumes négriers en Afrique, les ports européens impliqués, les affranchissements et les abolitions : tout est résumé là, preuve par preuve.
La démarche du photographe Philippe Monges est tout autre : il photographie les lieux de l’esclavage. Les architectures militaires, les bâtiments du pouvoir, les paysages de la résistance et du marronnage, au Ghana, au Sénégal, en Guadeloupe, en Haïti, mais aussi à Nantes, Marseille ou Bordeaux, et jusqu’au fort de Joux, dans le Doubs, où périt Toussaint-Louverture. Avec des images sobres, souvent vides d’âme humaine, Monges laisse libre cours à l’imagination de chacun. Le silence s’impose : l’atmosphère des lieux reste imprégnée d’une histoire pesante, indigeste, et de nombreux détails rappellent que l’opulence des uns avait pour prix la vie des autres. Avait ?
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– Atlas des esclavages. De l’Antiquité à nos jours, de Marcel Dorigny et Bernard Gainot, Autrement, 79 pages, 17 euros.
– Mémwa, de Philippe Monges, Trans Photographic Press, 128 pages, 35 euros.
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