Notre histoire de l’Afrique

Publié aux éditions de La Martinière, un album revient sur l’aventure de votre hebdomadaire depuis sa création en 1960 par Béchir Ben Yahmed jusqu’à aujourd’hui.

Jeune Afrique, 50 ans, une histoire de l’Afrique. © JA

Jeune Afrique, 50 ans, une histoire de l’Afrique. © JA

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Publié le 21 mai 2013 Lecture : 3 minutes.

Il fallait un certain culot pour se lancer dans pareille aventure. Pour prétendre résumer plus de cinquante ans d’histoire en quelques dizaines de dates et d’images. Réduire un demi-siècle d’efforts à moins de trois cents pages. C’est pourtant ce que j’ai cru pouvoir tenter, davantage par inconscience que par prétention, lorsque les Éditions de La Martinière m’ont proposé de consacrer un livre à Jeune Afrique – un hebdomadaire que je connaissais un peu pour en avoir dirigé la rédaction dans les années 1970, et en être resté un fidèle lecteur.

Les Éditions de La Martinière comptent parmi les plus grands producteurs mondiaux de ce qu’on appelle les beaux livres : albums photographiques somptueux, monographies de peintres, gros ouvrages iconographiques…

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À leur riche catalogue figure une collection dédiée aux grandes entreprises de presse, aux journaux qui ont, d’une manière ou d’une autre, marqué leur époque. Un volume y avait été consacré par exemple au quotidien Libération, un autre à l’hebdomadaire L’Express, un troisième au mensuel Actuel. Rien de très étonnant, donc, à ce qu’ils aient songé un jour à y inclure ce magazine vraiment pas comme les autres qu’est Jeune Afrique.

Guerre d’Algérie

En acceptant de m’y consacrer, je ne mesurais pas bien l’ampleur de la tâche. Heureusement, l’excellent Dominique Mataillet, qui collabore à Jeune Afrique depuis plus de vingt ans, est venu à ma rescousse.

Cinquante années de parution régulière, cela représente plus de deux mille cinq cents numéros, qu’il faudrait compulser et relire en partie. Je ne dis rien du poids (quelques quintaux de papier), non : je parle du contenu, d’une incroyable richesse. D’abord parce que la période couverte fut elle-même d’une extraordinaire effervescence : la guerre d’Algérie, les indépendances, la création de l’Organisation de l’unité africaine. Ensuite parce que toutes ces grandes causes mobilisèrent de grands esprits, dont on retrouve la signature dès les premiers numéros de Jeune Afrique, qui a commencé par s’appeler Afrique Action : le premier numéro date du 17 octobre 1960.

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Sa couverture, naturellement, figure dans l’album que viennent de publier les Éditions de La Martinière. Suivie de quelques centaines d’autres : de quoi survoler l’histoire de l’Afrique (et du monde) de 1960 à 2010. Et même au-delà : la dernière couverture reproduite date du 26 mars 2011 et montre le nouveau président de la Guinée, Alpha Condé.

Découpé en cinq grands chapitres – un par décennie -, l’ouvrage s’ouvre, à tout seigneur tout honneur, sur un texte-confession dans lequel le fondateur de Jeune Afrique, Béchir Ben Yahmed, s’explique pour la première fois sur les circonstances de la création de son journal, sur ses objectifs, ses combats – et ses résultats.

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Témoignages

Ces cinq décennies sont présentées chacune par une personnalité ayant marqué l’histoire de J.A. (Jean Daniel, Amin Maalouf) ou l’Histoire tout court (Abdou Diouf, Lakhdar Brahimi). Elles sont suivies par les portfolios de photographes devenus célèbres après avoir fait leurs premiers pas à Jeune Afrique : Abbas, Guy Le Querrec, Pascal Maître, etc. Entre les deux, la reproduction des principales couvertures de la décennie et de quelques articles marquants de collaborateurs éminents aussi différents que Kateb Yacine, Frantz Fanon, Aimé Césaire, Fouad Laroui ou Stéphane Hessel. On y trouve aussi le témoignage inédit de ceux qui ont, à un moment ou à un autre, partagé la vie de Jeune Afrique : Guy Sitbon, Jean Lacouture, Jean Ziegler ou Hervé Bourges. Ainsi que, bien sûr, ces grandes plumes du journalisme africain que furent Siradiou Diallo, Sennen Andriamirado (et d’autres). Ce beau livre s’achève sur des textes de l’équipe actuelle : François Soudan, Marwane et Amir Ben Yahmed.

Parmi les nombreuses pépites que recèle ce bel hommage à l’hebdomadaire, qui conserve, un demi-siècle après sa création, une place et une influence intactes en Afrique, au nord comme au sud du Sahara, et ailleurs dans le monde, il y a un petit texte, discret mais très révélateur, d’une personne qui a toujours répugné à se mettre en avant, mais qui a joué pourtant, et joue encore, un rôle essentiel dans le Groupe Jeune Afrique : Danielle Ben Yahmed, l’épouse de Béchir et la mère d’Amir et de Marwane. 

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