Japon – Afrique : la métamorphose
Ticad V : quand le Japon accueille l’Afrique
Depuis la dernière Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (Ticad), qui s’est tenue à Yokohama en mai 2008, bien des choses ont changé. Le continent africain, même s’il est toujours sujet à l’instabilité, est désormais associé à des termes bien plus positifs que par le passé. Le réveil de l’Afrique, c’est celui de sa croissance, qui tire l’économie mondiale.
Au Japon aussi, les cinq années qui se sont écoulées ont été riches en événements : un séisme politique en août 2009 avec la perte historique du pouvoir par le Parti libéral-démocrate (PLD), une terrible catastrophe naturelle en mars 2011 suivie d’un accident nucléaire, et un nouveau bouleversement électoral, en décembre 2012, avec la reprise en main du pays par le PLD.
Malgré ces moments tragiques – le tsunami du 11 mars 2011 a causé la mort de 15 776 personnes et la disparition de 4 225 autres -, il y a un point qui rapproche les Japonais et les Africains : l’espoir (kibo). Le terme a fait sa réapparition dans l’archipel au cours des semaines qui ont suivi la tragédie du 11 mars. Comme si la population, adepte de la méthode Coué, voulait se convaincre que le plus dur était passé. La crise liée à la situation au sein de la centrale nucléaire de Fukushima Dai-ichi a permis de montrer que les Japonais, en affirmant leur désir de changer la politique énergétique du pays, n’étaient pas forcément des moutons. Rien n’est pourtant réglé dans ce domaine, mais chacun est persuadé que rien ne sera plus tout à fait comme avant.
Dépasser le détroit de Malacca
Sur le plan économique, l’espoir est aussi de retour après deux décennies de crise. La détermination du nouveau gouvernement à sortir de la récession incite les consommateurs à desserrer les cordons de la bourse et les entreprises à reprendre les investissements. Un état d’esprit totalement différent règne dans l’archipel, l’espoir cédant peu à peu la place à la confiance (shinrai).
Cependant, si les indices économiques semblent passer progressivement au vert, le chemin à parcourir est encore semé d’obstacles. Sur le plan diplomatique, les nuages ont tendance à s’accumuler. Entre l’attitude agressive de la Corée du Nord et les tensions avec Pékin autour des îles Senkaku, situées au sud d’Okinawa, les marges de manoeuvre de Tokyo en Asie sont limitées.
Le Japon a donc besoin de dépasser le détroit de Malacca. La récente tournée du Premier ministre Shinzo Abe en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis et en Turquie, début mai, ainsi que l’organisation de la cinquième Ticad, du 1er au 3 juin, doivent montrer que Tokyo est en mesure de prendre des initiatives et de se démarquer en adoptant une approche différente de ses concurrents, notamment vis-à-vis de l’Afrique.
Les responsables japonais jouent gros, mais ils savent que l’absence d’initiatives et le repli sur soi ne permettront pas à leur pays de tourner définitivement la page des deux décennies perdues, comme on les qualifie volontiers dans les médias. Nul doute qu’il faudra écouter avec attention les messages qui seront délivrés à Yokohama début juin lors du sommet Japon-Afrique. Le pays du Soleil-Levant change, et il aimerait bien que le reste du monde soit sensible à son évolution.
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