Maroc-France : l’affaire Iquioussen s’invite sur le terrain diplomatique
Rebondissements en série dans l’affaire de l’imam que la France veut expulser, et qui s’est évanoui dans la nature. Alors que le ministre français de l’Intérieur avait affirmé que le Maroc était prêt à accueillir le prédicateur sur son territoire, Rabat se montre moins coopératif que prévu.
Jusqu’où ira l’affaire de l’imam Hassan Iquioussen ? Après des rebondissements en série, l’affaire s’invite maintenant sur la scène diplomatique.
Alors que le Conseil d’État a émis, le 30 août, un avis favorable à son expulsion, l’intéressé était introuvable lorsque la police est venue l’interpeller le soir même à son domicile de Lourches, près de Valenciennes, aux alentours de 19h00. Le prédicateur est à présent inscrit sur le fichier des personnes recherchées, et encourt jusqu’à trois ans de prison pour s’être soustrait à la justice.
Suspension par Rabat du laissez-passer
« Je veux ici me satisfaire au nom du gouvernement de la République de la décision du Conseil d’État », a de son côté lancé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, suite à l’annonce faite par la juridiction.
Hassan Iquioussen, un imam marocain de 58 ans originaire des Hauts-de-France, est accusé par les autorités françaises de tenir depuis plusieurs années des propos antisémites, sexistes et homophobes, et s’est vu sommé par la justice de quitter le territoire national.
Depuis la tentative ratée d’interpellation de mardi soir, les spéculations vont bon train sur l’endroit où il a pu trouver refuge. Au moment où l’hypothèse de son départ pour la Belgique est évoquée en raison de la proximité du pays avec son lieu de résidence, la polémique a désormais atteint les rives du royaume. Après que des médias marocains se sont fait l’écho d’une possible suspension du laissez-passer consulaire octroyé le 1er août par le Maroc, cette information a été confirmée par Europe 1.
Message à l’Élysée
Or c’est bien le Maroc qui délivre cette autorisation, valable soixante jours et nécessaire à l’expulsion, à l’État français. Les autorités françaises semblant, jusqu’à hier au moins, tenir pour acquise cette autorisation, l’annonce paraît surprenante et soulève une question : que cache l’inflexion marocaine ? Car le 2 août dernier, le ministre français de l’Intérieur déclarait en séance à l’Assemblée nationale « remercier singulièrement le royaume du Maroc pour avoir délivré un laissez-passer consulaire voilà vingt-quatre heures pour expulser manu militari M. Iquioussen du territoire national ». La donne a visiblement changé.
En réalité, et selon nos informations, ce couac autour de l’imam Iquioussen est un dégât collatéral des mauvaises relations bilatérales entre le Maroc et la France, qui n’ont jamais été réellement au beau fixe sous la présidence d’Emmanuel Macron. Le chef de l’État français vient tout juste d’achever une visite officielle de trois jours en Algérie, avec qui le Maroc n’a plus aucune relation diplomatique depuis un an.
À Rabat, il se murmure que les autorités savent qu’elles ne pourront pas s’opposer indéfiniment au retour de l’un de leurs ressortissants. Mais compte tenu de la médiatisation de cette affaire, l’occasion d’envoyer un message en direction de l’Élysée semble trop belle pour être négligée.
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