Fintech africaine : pourquoi McKinsey table sur une croissance exponentielle des revenus

Le cabinet de conseil prévoit, dans un rapport récent, une multiplication par près de huit du revenu cumulé des fintech africaines en 2025, par rapport à 2020.

Fintech icon and internet of things with matrix code background, Investment and financial internet technology concept. © Photo12/Alamy/Chin Leong Teoh

Publié le 1 septembre 2022 Lecture : 3 minutes.

L’engouement des investisseurs en capital-risque pour les start-ups africaines – les montants investis ayant triplé depuis 2020 – montraient déjà un intérêt grandissant porté aux jeunes pousses spécialisées dans les services financiers (fintech). Un rapport publié ce 30 août par le cabinet McKinsey confirme cette tendance. Intitulée « Fintech en Afrique : la fin du commencement » (Fintech in Africa : The end of the beginning), cette étude prévoit pour ces sociétés un chiffre d’affaires cumulé de 30,8 milliards de dollars en 2025, soit entre cinq et près de huit fois plus élevé que celui réalisé en 2020, où il a été estimé entre 4 et 6 milliards de dollars.

À condition cependant que l’ensemble du secteur parvienne à atteindre, sur le continent, des taux de pénétration du marché des services financiers semblables à ceux observés dans des pays pionniers comme le Kenya (13 %).

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Faible taux de bancarisation

Mais les auteurs du rapport sont optimistes. D’abord, parce que les solutions proposées par les acteurs de la fintech apportent une réelle valeur à leurs clients sur un continent où le taux de bancarisation est faible et environ 90 % des transactions se font toujours en espèces. Ensuite, parce que comparés à ceux des acteurs traditionnels, les coûts des services des fintech sont jusqu’à 80 % moins chers et les intérêts sur l’épargne jusqu’à trois fois plus élevés. De même, le coût des transferts de fonds peut être jusqu’à six fois moins élevé.

La croissance du secteur des fintech sera aussi portée par « l’augmentation du nombre d’utilisateurs de smartphones, la baisse des coûts de l’internet et l’extension de la couverture réseau, ainsi que par une population jeune, à la croissance rapide et qui s’urbanise rapidement », détaille le rapport. Par ailleurs, la pandémie de Covid-19 qui a accéléré la digitalisation des économies, a permis de faire émerger un environnement fertile pour les nouveaux acteurs technologiques. Comme le rappelle, le rapport de McKinsey, on assiste à une sorte « d’éruption » des fintech. « Entre 2020 et 2021, le nombre de start-up a triplé en Afrique pour atteindre quelque 5 200 entreprises dont près de la moitié sont des fintech », peut-on lire dans le document.

De fait, l’ensemble du marché africain des services financiers offre un important potentiel de croissance. Il pourrait croître, selon les prévisions de McKinsey, d’environ 10% par an, pour atteindre un chiffre d’affaires d’environ 230 milliards de dollars d’ici à 2025. Un chiffre estimé à 150 milliards de dollars si l’on exclut l’Afrique du Sud, marché le plus important et possédant le système bancaire le plus mature du continent.

Disparités régionales

À noter cependant que la croissance du marché des services financiers ne sera pas uniforme sur le continent. Concentrant actuellement 40 % des revenus du secteur, l’Afrique du Sud ne sera plus le marché avec la plus forte croissance, mais le Ghana et l’Afrique de l’Ouest francophone, avec respectivement 15 % et 13 % par an, jusqu’en 2025. Le Nigeria et l’Égypte suivent, avec chacun un taux de croissance attendu de 12 % par an sur la même période.

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« Dans l’ensemble, nous prévoyons que l’opportunité de croissance dans le domaine des fintech sera probablement concentrée sur onze marchés clés : Cameroun, Côte d’Ivoire, Égypte, Ghana, Kenya, Maroc, Nigeria, Sénégal, Afrique du Sud, Tanzanie et Ouganda, qui représentent ensemble 70 % du PIB de l’Afrique et la moitié de sa population », écrivent les analystes de McKinsey.

En plein essor, la fintech africaine devra toutefois relever des défis pour devenir mature et s’installer dans la durée sur les marchés financiers, estime le cabinet, comme « atteindre une certaine envergure et rentabilité, naviguer dans un environnement réglementaire incertain, gérer un budget serré et établir des bases solides de gouvernance d’entreprise ».

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