Maroc : scénarios de sortie de crise gouvernementale
À court terme, un remaniement minimum est l’hypothèse la plus plausible pour sortir le Maroc de la crise gouvernementale. Avant un retour devant les électeurs ?
Près d’une semaine après l’annonce du retrait de la deuxième composante de la majorité, le gouvernement affiche une continuité à toute épreuve. « Depuis lundi [13 mai], c’est business as usual », explique un cabinard. Abdelilah Benkirane n’a rien modifié à son calendrier. L’absence momentanée du roi a certes fait retomber la poussière soulevée par Chabat lorsqu’il a annoncé qu’il claquait la porte du gouvernement. Qu’elles soient proches ou dans quelques mois, des législatives anticipées se profilent. Côté PJD, les dirigeants se sont toujours dits prêts à remettre en jeu leur(s) mandat(s).
Lors des législatives partielles, consécutives aux contentieux ayant marqué les élections de novembre 2011, les islamistes ont montré que leur expérience du pouvoir n’a pas encore émoussé leur popularité. Fort de ce capital sympathie, Benkirane a d’ailleurs traité avec dédain les assauts de son « partenaire particulier », même s’il sait qu’aucune majorité viable n’est envisageable, en l’état, sans l’Istiqlal. Si ce dernier devait basculer dans l’opposition, les partis d’opposition totaliseraient une courte majorité à la Chambre des représentants, de quoi bloquer le travail législatif. À court terme, un remaniement minimum est le scénario le plus plausible. Il permettrait de faire entrer au gouvernement quelques proches de Hamid Chabat, voire le zaïm de l’Istiqlal lui-même.
Bluff
La crise actuelle offrirait l’opportunité d’un changement plus profond, en resserrant le cabinet, en augmentant le nombre de femmes, etc. Par ailleurs, certains ministres istiqlaliens pourraient rester en place en gelant leur qualité partisane : on pense à Nizar Baraka, l’argentier du royaume, qui est apprécié en haut lieu, et à Youssef Amrani, un diplomate chevronné, qui sert de doublure à l’actuel ministre des Affaires étrangères, Saadeddine El Othmani.
Tous ces changements à la marge ne permettront que de retarder la véritable échéance : la dissolution de la chambre basse du Parlement et la convocation de législatives anticipées. S’appuyant sur la popularité de son chef, le PJD, qui totalise 107 sièges sur 395, peut encore espérer accroître le nombre de ses députés. Cela est d’autant plus tentant que les autres partis, opposition et Istiqlal compris, ne semblent pas aussi enthousiastes à l’idée de rejouer la partie. La difficulté du bluff, au poker, c’est qu’il peut être « payé » par le joueur adverse. Puisque l’Istiqlal invoque l’arbitrage royal, Benkirane attend son tour de parole, compte ses jetons et soupèse mentalement le pari de Chabat. Faites vos jeux ! Rien ne va plus !
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