Panafricanisme : quand Nnamdi Azikiwe s’en prenait à Kwame Nkrumah

Dans un texte paru le 18 mai 1961 dans le West African Pilot de Lagos, dont il est le fondateur, Nnamdi Azikiwe, qui sera deux ans plus tard le premier président du Nigeria, conteste la vision panafricaine de Kwame Nkrumah.

Kwame Nkrumah, le président du Ghana, à Addis-Abeba, mai 1963. © Archives JA

Kwame Nkrumah, le président du Ghana, à Addis-Abeba, mai 1963. © Archives JA

ProfilAuteur_TshitengeLubabu

Publié le 25 mai 2013 Lecture : 2 minutes.

L’idéal serait un Parlement unique pour toute l’Afrique. Mais, à la différence du Dr Nkrumah, nous ne tenterons pas de réaliser l’irréalisable. La plupart du temps, le leader ghanéen tient des propos sensés. Mais lorsqu’il commet des erreurs, elles sont monumentales. Nous le savons grand défenseur de l’unité africaine, mais cela ne veut pas dire qu’il a toujours raison dans sa conception des affaires africaines.

Le Dr Nkrumah a lancé l’autre jour une violente attaque contre la Conférence de Monrovia. Il n’y assistait pas parce que ni lui ni son groupe minoritaire n’étaient en mesure d’imposer leur volonté comme ils le projetaient. Le Dr Nkrumah soutient que le panafricanisme ne représente rien s’il ne franchit pas les frontières artificielles imposées par le colonialisme. Le Ghana est uni à la Guinée. Or, ces deux pays n’ont toujours ni Parlement ni monnaie en commun.

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Le Ghana est très différent de la Guinée et cette prétendue union n’est qu’un chiffon de papier. Il n’a pas réussi à rallier à ses idées les Ashanti, qui forment pourtant un peuple important du Ghana. Certes, la loi sur la détention préventive a suscité une unité artificielle. Mais sans sa police et ses formations paramilitaires, le Dr Nkrumah sait qu’il aura à faire face un jour ou l’autre à la révolte. Et voilà l’homme qui, aux yeux du monde, prêche l’unité ! Le Dr Nkrumah préfère penser que les États de Monrovia ne représentent pas la majorité des États africains. Il y en avait pourtant vingt et un à Monrovia. Et le groupe de Casablanca ne compte que cinq États. La vérité, c’est que le Dr Nkrumah veut être à la tête de n’importe quel mouvement, ou, s’il ne peut pas, il reste en marge parce qu’il faut toujours qu’il commande.

Cet homme, c’est le Messie. Ce n’est pas un individu qui suit les troupes en marche pour ramasser leurs déchets. Il est nécessaire de dire au Dr Nkrumah que la poursuite obstinée de ses ambitions territoriales ne le conduira nulle part. Son but véritable est d’avaler le petit Togo et de mâchonner quelques bribes de la Côte d’Ivoire. Ce verbiage sur un Parlement africain et une Afrique sans frontières n’est qu’un camouflage destiné à masquer ses aspirations. Quelle que soit l’admiration que nous éprouvons pour le leader ghanéen, il est de notre devoir de lui lancer cet avertissement, afin qu’il renonce à la poursuite de principes fallacieux.

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