Sidiki Kaba : « L’UA doit soutenir les populations, pas les chefs d’État »

Cinquante ans de l’Union africaine, quel bilan en matière du respect des droits de l’homme sur le continent ? Sidiki Kaba, président d’honneur de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) livre à Jeune Afrique son analyse.

Sidiki Kaba, président d’honneur de la FIDH. © AFP

Sidiki Kaba, président d’honneur de la FIDH. © AFP

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Publié le 21 mai 2013 Lecture : 2 minutes.

Union africaine, qu’as-tu fait de tes 50 ans ?
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Quel bilan dressez-vous de l’état des droits de l’homme sur le continent, cinquante ans après la création de l’Organisation de l’union africaine (OUA) ?

Il est mitigé. Avant les indépendances, les premiers dirigeants africains avaient mis en avant la lutte pour les droits des peuples. Sur ce plan, c’est un succès. Le continent est aujourd’hui totalement décolonisé. Mais lorsqu’il a fallu appliquer les libertés revendiquées contre les colonisateurs, certains ont affirmé que les droits étaient un luxe ou une notion importée. Dans ce domaine, il faut progresser, même s’il y a eu des avancées. 

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Comment l’Union africaine (UA) pourrait-elle empêcher les violations des droits de l’homme ?

Elle doit mieux anticiper des situations de conflits. L’organisation devrait ensuite mettre en place une armée africaine dotée de moyens propres. Le problème, c’est que nos institutions manquent de pouvoirs et de ressources. 

L’UA a-t-elle raison de soutenir le président soudanais Omar el-Béchir, visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) ?

"L’UA doit soutenir les populations qui luttent pour leurs droits."

La tragédie du Soudan a montré son incapacité à réagir. Elle a abouti à l’éclatement du plus grand État d’Afrique. Lorsque la communauté internationale a saisi la justice internationale, le syndicat des chefs d’État africains a fait bloc au détriment des populations civiles. Cela est choquant. L’UA doit soutenir les populations qui luttent pour leurs droits plutôt que les chefs d’État qui les répriment. 

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Le Mali organisait des élections crédibles, les droits y étaient respectés. Cela n’a pas empêché son effondrement. Les droits de l’homme sont-ils le seul critère à prendre en compte ?

Il faut pointer du doigt ces démocraties qui n’en ont que l’apparence. La bonne gouvernance ou l’utilisation des fonds de l’État au service des populations sont également nécessaires. Au Mali, la gestion consensuelle du président Amadou Toumani Touré a masqué des dérives. L’État a échoué dans ses missions régaliennes, la décentralisation n’a pas permis d’intégrer les populations du Nord, la corruption s’est aggravée et le crime transfrontalier s’est développé. 

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L’avez-vous suffisamment dénoncé ?

Nos communiqués l’attestent. Nous avons dit qu’il fallait éteindre l’incendie dès les premières crises dans le Nord. En même temps, il fallait soutenir le processus en cours pour que les Maliens se dotent d’un président démocratiquement élu. Il n’a manqué que trois semaines.

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Propos recueillis par Pierre Boisselet

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