Nkosazana Dlamini-Zuma : « L’Afrique ne peut plus attendre que l’initiative vienne de l’extérieur »
Pour celle qui préside à la destinée de l’UA, les Africains doivent désormais se prendre davantage en main. Tant sur le plan économique que sur celui de la sécurité. Interview de Nkosazana Dlamini-Zuma, présidente de la Commission de l’UA.
Union africaine, qu’as-tu fait de tes 50 ans ?
D’ici à cinquante ans, l’Afrique aura-t-elle aboli ses frontières ?
Je suis tout à fait certaine que, d’ici à 2063, il y aura une libre circulation des personnes sur le continent. La libre circulation des personnes, en plus de celle des biens et des capitaux, est cruciale. Nous devons avoir la possibilité de rallier Le Cap au Caire par la route et Dakar à Djibouti par le rail. Le fait d’être sans frontières n’a aucune valeur si l’on est incapable de circuler d’un pays à un autre.
Comment l’Union africaine (UA) peut-elle faire en sorte que la reprise économique actuelle se pérennise ?
Je pense que l’UA doit agir comme un catalyseur. L’UA doit travailler avec les États membres, trouver les partenariats à l’intérieur comme à l’extérieur du continent. Nous avons des partenariats en Europe et c’est une bonne chose, ils doivent continuer. Mais il y a d’autres partenaires possibles dans les Amériques et en Asie. Avec la Banque africaine de développement [BAD] et la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies [CEA], nous devons faire un audit du continent pour voir quelles sont les compétences dont nous avons besoin pour mettre en oeuvre les priorités. La renaissance africaine est un processus et non un événement. Il fallait commencer par la libération, car un peuple opprimé ne peut pas renaître. Maintenant, la libération doit avoir lieu du point de vue du développement, du développement durable et de la modernisation.
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Qu’en est-il de la libération de la dépendance à l’aide ?
Aucun pays ne peut avoir comme base du développement l’aide des donateurs.
C’est très important. Prenez les documents fondamentaux, comme le plan d’action de Lagos. L’une des raisons pour lesquelles nous n’avons pas pu mettre en place ces grandes initiatives est que nous pensions pouvoir le faire au travers de l’aide. Aucun pays ne peut avoir comme base du développement l’aide des donateurs. Elle est bienvenue, mais elle doit contribuer à ce que nous faisons déjà. Nous ne pouvons pas attendre que l’initiative vienne de l’extérieur. Nos mentalités doivent changer.
>> Panafricanisme, la longue marche vers l’unité
Comment l’Afrique peut-elle régler ses propres crises de sécurité sans avoir besoin d’interventions extérieures, comme ce fut le cas en Libye ou au Mali ?
Nous devons d’abord nous intéresser aux raisons de ces crises. Si nous réglons réellement le problème du développement inclusif et de la démocratie participative, ces crises seront moins nombreuses. La distribution équitable des richesses, la démocratie participative et un développement économique inclusif seront les clés d’une paix et d’une stabilité durables.
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Il nous faut aussi réfléchir à ce que nous pouvons faire à court terme, en tant qu’Africains, pour pouvoir apporter une réponse rapide à ces crises. Dans mon discours d’ouverture du sommet [de janvier], j’ai effectivement dit que nous devons prêter attention à cette question, car les problèmes de la force en attente, qui sera opérationnelle d’ici à 2015, n’aident pas à régler les difficultés que nous avons actuellement. Au moment où nous célébrons le 50e anniversaire [de la création de l’Organisation de l’unité africaine], nous devrions réfléchir à cela.
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Propos recueillis par Elissa Jobson et Parselelo
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