Algérie : quand Saïd Bouteflika orchestre le silence présidentiel

Depuis l’hospitalisation d’Abdelaziz Bouteflika à Paris il y a un peu plus de trois semaines, la présidence algérienne se montre extrêmement discrète sur l’état de santé du chef de l’État. Cette stratégie du silence, orchestrée par Saïd Bouteflika, le frère du président, est dorénavant largement critiquée par les médias algériens.

Abdelaziz Bouteflika a été transféré à l’hôpital du Val-de-Grâce, à Paris, le 27 avril. © AFP

Abdelaziz Bouteflika a été transféré à l’hôpital du Val-de-Grâce, à Paris, le 27 avril. © AFP

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Publié le 20 mai 2013 Lecture : 2 minutes.

Le mutisme de la présidence algérienne sur l’état de santé d’Abdelaziz Bouteflika est en train d’affoler l’Algérie. Depuis son hospitalisation, le 27 avril, à l’hôpital parisien du Val-de-Grâce, les informations sur le chef de l’État sont distillées au compte-goutte et les rumeurs vont bon train. Annoncé en France, en Suisse, de retour en Algérie, tantôt en voie de rétablissement, tantôt « comateux » : personne ne sait vraiment comment va « Boutef ».

En coulisse, un homme gère cette communication minimaliste de la présidence. Il s’agit de Saïd Bouteflika, frère cadet et conseiller spécial du président. Depuis plus de trois semaines, il ne quitte guère le chevet de son aîné et verrouille hermétiquement la transmission des informations. Le 7 mai, c’est lui qui demande à Benamar Zerhouni, un conseiller à la présidence, de publier un communiqué officiel rassurant. Quatre jours plus tard, rebelote. Saïd Bouteflika réitère sa requête auprès d’Abdelmalek Sellal, le Premier ministre, en lui suggérant cette fois de préciser que le chef de l’État « continue de suivre quotidiennement les dossiers et questions d’intérêt national ». Quant à Rachid Bougherbal, le très prolixe cardiologue du président, il a reçu l’instruction ferme de ne plus répondre aux sollicitations des journalistes.

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Confrontés à cette loi du silence, les médias algériens tentent d’en savoir plus sur le sort d’Abdelaziz Bouteflika. Samedi soir, deux quotidiens annonçant une « détérioration » de l’état de santé du président ont été censurés et saisis à l’imprimerie. Mon Journal et de son pendant arabophone, Djaridati, annonçaient qu’Abdelaziz Bouteflika avait été ramené à Alger mercredi dernier à l’aube dans un « état comateux ». Le lendemain, dimanche, une information judiciaire pour « atteinte à la sécurité de l’État » était ouverte à l’encontre de leur propriétaire, Hichem Aboud, pour avoir publier ces informations alarmistes.

La presse algérienne monte au créneau

La saisie de ces deux quotidiens faisait lundi matin la une de la presse algérienne, qui s’est empressée de dénoncer « le silence » imposé par les autorités sur ce sujet tabou. La majorité des journaux se montrent critiques envers les poursuites judiciaires lancées contre Hichem Aboud et envers le ministère de la Communication, qui a démenti toute « censure » de ces deux numéros.

« Le pouvoir veut imposer le silence » sur la santé du chef de l’État, titre ainsi le quotidien francophone El-Watan pour expliquer l’interdiction de parution de Mon Journal et de Djaridati. De son côté, El Khabar, un autre quotidien privé généralement critique envers le pouvoir, affirme en une que « le Peuple veut l’apparition du président ». « Les communiqués d’Abdelmalek Sellal (le Premier ministre, NDLR), les déclarations des proches (du chef de l’Etat, NDLR), la censure des médias n’ont pas réussi », à faire taire les rumeurs, affirme le quotidien arabophone, l’un des plus forts tirages en Algérie. Quant à Echorouk (conservateur, arabophone), il considère  que « le black out autour de l’état de santé du président est une attitude de mépris envers le peuple ».

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