BD : l’unijambiste de la côte est

Avec « Blackface Banjo », le dessinateur Frantz Duchazeau brosse un portrait terriblement humain de l’Amérique raciste des minstrel shows.

Une planche de Blackface Banjo. © Éd. Sarbacane

Une planche de Blackface Banjo. © Éd. Sarbacane

NICOLAS-MICHEL_2024

Publié le 13 mai 2013 Lecture : 1 minute.

Ils aiment la musique et ils ont le rythme dans la peau. Ils ont un accent à couper au couteau, se battent souvent et se comportent comme de grands enfants un peu stupides. Et quand ils reçoivent des coups, qu’est-ce qu’on se marre ! Voilà comment étaient dépeints les Africains-Américains dans les minstrel shows, populaires en Amérique du Nord au XIXe siècle. Précision : pendant longtemps, les acteurs de ce genre de spectacles furent des Blancs qui se noircissaient le visage… Cette histoire, le dessinateur français Frantz Duchazeau l’aborde en noir et blanc avec un redoutable brio dans Blackface Banjo, bande dessinée dont le héros est un très attachant vagabond unijambiste noir. De rencontres en mésaventures, de spectacles en envoûtements vaudous, l’orphelin de naissance connaîtra la gloire et le doute, la richesse et la pauvreté, l’amour et la tendresse. Autour de lui, une galerie de personnages qui racontent une époque : marchands ambulants prêts à tout pour gagner de l’argent, acteurs de minstrels menacés par les actions subversives du « Coon Coon Clan », indien exhibé comme une bête de foire… Le trait est souple, inventif et fluide, au diapason d’émotions fortes. De toute beauté, les dernières pages feront pleurer même les plus endurcis.

Blackface banjo, de Frantz Duchazeau, Sarbacane, 144 pages, 23,50 euros.

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