Législatives malaisiennes : perdant-perdant
Lors des législatives du 5 mai, le parti au pouvoir en Malaisie l’a emporté sans gloire tandis que l’opposition manquait son rendez-vous.
Un clip du tube d’Elvis Presley It’s Now or Never. C’est ce qu’Anwar Ibrahim, le très populaire leader de l’opposition malaisienne, postait sur Facebook tandis que ses concitoyens s’apprêtaient à se rendre aux urnes, le 5 mai. Ce sera finalement never pour l’infatigable sexagénaire qui brigue le pouvoir depuis quinze ans, dont six passés en prison pour corruption – faits qu’il a toujours niés – et sodomie – accusation dont il a été blanchi.
À l’issue de ces législatives très disputées qui auraient pu voir la fin de plus d’un demi-siècle de règne de la toute-puissante Organisation nationale unifiée malaise (UMNO) de Najib Razak, le Premier ministre sortant, c’est la coalition de ce dernier, le Barisan Nasional, qui a remporté la victoire avec 133 des 222 sièges du Parlement. La formation menée par Anwar Ibrahim, le Pakatan Rakyat, n’a obtenu que 89 sièges.
Des résultats aussitôt contestés par l’opposition, qui, tout en réalisant le meilleur score de son histoire – avec, en décompte de voix, 270 000 bulletins de plus que le Barisan Nasional -, a crié à la manipulation. « C’est la pire fraude électorale de notre histoire », a déclaré Anwar Ibrahim, qui, pendant la campagne, avait déjà dénoncé la présence de dizaines de milliers d’électeurs « douteux ». Des suspicions renforcées après la révélation que l’encre « indélébile » dans laquelle les électeurs trempent leur doigt pour voter partait au premier lavage.
Champion
La déception de l’opposition est à la hauteur de l’espoir qu’avait suscité la candidature d’Anwar Ibrahim, un réformateur devenu le champion de la lutte anticorruption, convaincu, cette fois-ci, de l’emporter.
Néanmoins, la reconduction de justesse du parti au pouvoir – qui réalise, lui, son plus mauvais score en cinquante-six ans – a un goût d’échec. Selon un haut responsable de l’UMNO, principale force du Barisan Nasional, « la prestation du Premier ministre Najib Razak a été mauvaise, et il n’a plus guère de marge de manoeuvre. Il pourrait donc devoir démissionner avant la fin de l’année ».
Avec une demi-défaite pour une opposition qui a laissé passer sa chance et un demi-succès pour un Premier ministre qui remporte une courte victoire, une seule chose est certaine : le paysage politique malaisien est en pleine mutation.
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