RDC : un an après sa nomination, Matata Ponyo tient bon
Depuis sa nomination il y a un an, le très technocrate Premier ministre Augustin Matata Ponyo tente de remettre la RDC sur les rails. Mais le bout du tunnel est encore loin.
Rigueur. C’est le mot qui revient lorsqu’on interroge les politiciens congolais, de quelque bord qu’ils soient, sur la première année d’Augustin Matata Ponyo à la tête du gouvernement de la RDC. Tous s’accordent aussi sur la réalité des progrès en cours pour consolider la situation économique du pays. Depuis son entrée en fonction le 9 mai 2012, il a su imposer ses principes, sa méthode, « gage du redressement économique du pays », soutient l’un de ses conseillers. « Cela lui a permis de maintenir le cadre de stabilité », remarque quant à lui Olivier Kamitatu, ancien ministre du Plan et membre de la Majorité présidentielle (MP). Ce que lui reconnaît même l’un de ses plus virulents détracteurs, le député d’opposition Baudouin Mayo : « La performance macroéconomique est bien là. Mais elle ne profite pas à la population », tient-il à souligner dans la foulée.
L’élan actuel, Matata Ponyo l’a en fait déclenché en 2010, lorsqu’il a été nommé ministre des Finances. Depuis, le technocrate s’est évertué à rassurer les institutions de Bretton Woods : le taux de croissance, qui était de 2,8 % en 2009, a atteint une moyenne annuelle de plus de 7 % en 2010, 2011 et 2012, et les estimations du Fonds monétaire international (FMI) sont de 8,3 % pour cette année. L’inflation a été ramenée à moins de 3 % alors qu’elle frisait les 50 % avant l’arrivée de Matata aux affaires. À ce rythme, « la RDC pourrait bientôt émerger et entamer enfin une nouvelle ère de développement », relève Eustache Ouayoro, directeur pays de la Banque mondiale.
Complots
Mais à Kinshasa, dans la majorité comme dans l’opposition, certains – peut-être perturbés de devoir changer leurs habitudes… – cherchent à faire tomber l’homme de la rigueur, auquel ils reprochent de « fermer les robinets ». Pour d’autres, la stabilisation du cadre macroéconomique ne servirait en fait qu’à « camoufler une gouvernance truffée d’actes de détournement », comme tempête Baudouin Mayo, initiateur de la motion de censure contre le Premier ministre – finalement abandonnée mi-avril, après le retrait des signatures de certains députés. « Même l’Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE), qui a suspendu mi-avril la RDC, a relevé un écart de près de 90 millions de dollars entre ce qui a été perçu et ce qui a été versé réellement dans les recettes de l’État », argue l’opposant. Un faux pas qui n’est pas sans rappeler la fin anticipée, le 30 novembre 2012, du plan du FMI de 560 millions de dollars pour manque de transparence dans le secteur minier.
Des « incidents de parcours », selon Matata Ponyo, qui promet un retour à la normale dans les prochains mois. Le ministère des Finances a ainsi été chargé de régler le litige avec l’ITIE, et une délégation de la Gécamines et de la Banque centrale du Congo s’est rendue fin mars à Washington. « Le FMI est de nouveau disposé à remettre les relations au beau fixe » avec Kinshasa, rassure un proche du Premier ministre, se référant à une lettre envoyée par l’institution financière au gouvernement. Un nouveau départ est donc possible.
Le patient congolais
C’est sur le terrain du social que Matata Ponyo reste très attendu. Le pays est tombé si bas qu’il reste (à égalité avec le Niger) dans les profondeurs du classement sur l’indice de développement humain publié en mars dernier par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), au 187e rang sur 187 pays classés. Pourtant, en un an, grâce à la marge de manoeuvre qu’il a dégagée, le gouvernement a lancé une série de projets financés sur fonds propres, à hauteur de 300 millions de dollars (229 millions d’euros), pour la santé, l’éducation, les transports, etc. Ainsi, 300 bus ont été commandés, dont quelque 150 déjà livrés, pour améliorer les transports, et 82 millions de dollars ont été affectés à la campagne agricole 2012-2013 pour relancer la production. Pour l’équipe de Matata, la visite du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, et du président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, prévue du 22 au 24 mai, est un soutien à l’action gouvernementale en matière de paix et de développement. Ce sera aussi, pour les partenaires internationaux, l’occasion de prendre, une fois encore, le pouls du patient congolais.
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