Climat, démographie, développement : la transition urbaine en Afrique, le défi du siècle

Les villes africaines ont poussé à une telle vitesse et sans planification urbaine qu’elles sont en première ligne des catastrophes, notamment climatiques. Pourtant, elles font preuve d’une grande résilience. Décryptage en infographies.

À gauche Lagos, à droite les inondations dans les rues de Dakar, le 5 septembre 2022. © Photomontage Jeune Afrique /Andrew Esiebo/PANOS-REA JOHN WESSELS/AFP

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Publié le 8 septembre 2022 Lecture : 3 minutes.

« Je ne peux manquer de noter avec amertume l’absence des dirigeants du monde industrialisé », a tonné Macky Sall, président du Sénégal et de l’Union africaine, lors de l’ouverture du Sommet sur l’adaptation au climat en Afrique, le 5 septembre à Rotterdam. À ses côtés, les président ghanéen et congolais, Nana Akufo-Addo et Félix Tshisekedi, la présidente éthiopienne Sahle-Work Zewde, ainsi que Moussa Faki Mahamat, président de la commission de l’UA. Aucun n’a pu cacher sa colère. Et pour cause. Les dirigeants africains se sont déplacés spécialement jusqu’en Europe pour obtenir de la part des pays dits industrialisés, principaux pollueurs, de plus amples financements afin d’aider le continent à mieux s’adapter à un bouleversement climatique dont l’Afrique n’est pas responsable : le continent a généré… 3 % des émissions de carbone depuis 1850. L’ire des dirigeants africains est d’autant plus grande qu’ils espéraient mobiliser 25 milliards de dollars, et sont repartis avec la promesse d’une petite enveloppe de 55 millions.

L’urgence est pourtant là, sur tous les fronts. Au même moment, à 6 000 kilomètres de là, des pluies diluviennes s’abattaient sur Dakar et N’Djamena. Dans les deux capitales, les mêmes images d’habitants en pirogue dans des rues transformées en torrents d’eau boueuse. Au Niger, les inondations ont fait plus de 75 morts entre juillet et août. Si ces précipitations sont courantes à cette époque de l’année, un tel niveau d’intensité n’avait pas été observé depuis 1990 dans le cas du Tchad, où l’on recense 340 000 sinistrés. Preuve s’il en fallait que, face aux catastrophes climatiques qui se succèdent sur le continent comme ailleurs, les zones urbaines et leurs habitants sont en première ligne.

Financer la transition urbaine

L’urbanisation extrêmement rapide conjuguée à une mauvaise, voire inexistante, planification urbaine a donné naissance à des milliers de quartiers informels souvent érigés sur des zones non constructibles, dépourvus de systèmes d’assainissement, d’évacuation et d’approvisionnement en eau, qui sont particulièrement vulnérables au changement climatique. La bétonisation des sols empêche l’eau de s’infiltrer et provoque des ruissellements en cas de pluie. Les habitats informels en taule qui s’étendent à perte de vue en périphérie des centres urbains captent plus rapidement la chaleur qu’ailleurs. Les inondations à répétition endommagent les bâtiments, souvent construits sans le respect des normes, et accentuent le risque d’effondrements.

Au cours des trente dernières années, les villes africaines ont absorbé 500 millions de personnes supplémentaires. Un chiffre qui atteindra plus de 900 millions au cours des trente prochaines années. Treize des vingt villes les plus peuplées au monde seront africaines en 2 100. Même si, économiquement, les zones urbaines ont réussi à maintenir des performances supérieures aux zones rurales, les besoins de financements pour accompagner cette transition restent colossaux.

C’est d’ailleurs l’objet du deuxième pilier du Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique, présenté à Rotterdam, qui préconise « d’accélérer la résilience des infrastructures avec des solutions basées sur la nature pour adapter les infrastructures urbaines et rurales au climat actuel et futur de l’Afrique ». Le besoin est estimé à 93 milliards de dollars par an.

Des villages qui deviennent des villes, des mégalopoles tentaculaires, des clusters de villes qui s’étendent sur plusieurs pays… Pour penser la cité de demain, il faut avant tout comprendre les dynamiques de l’urbanisation passée et actuelle. Où sont les zones urbanisées du continent ? Quelles seront les grandes mégapoles de demain ? Où sont les villes qui ont le plus grand taux de croissance ? La ville reste-elle malgré tout un vecteur de progrès social ? Décryptage en infographies.

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