Sea, sex and pénuries : l’été tunisien de Fawzia Zouari

À l’occasion de la coupure estivale, l’écrivaine a passé deux mois dans sa Tunisie natale. Elle en revient chargée d’inquiétude pour un pays qui semble tourner le dos à ses acquis. Mais sous la cendre couvent pourtant des motifs d’espoir. Carnet de voyage.

L’écrivaine Fawzia Zouari. © Bruno Klein

Fawzia Zouria

Publié le 6 septembre 2022 Lecture : 11 minutes.

L’été touche à sa fin, les plages se vident, les touristes occidentaux et les Tunisiens de l’étranger bouclent leurs valises. Les Algériens ont également pris la route du retour, on le voit aux immatriculations jaunes qui filent vers l’Ouest.

La Tunisie comptait pourtant sur ses voisins directs pour doper un secteur touristique en chute libre depuis la Révolution. Le Syndicat national des agences de voyage algérien annonçait le chiffre de 1 million de visiteurs à qui le président Kaïs Saïed promettait un séjour sans tracas, allant jusqu’à leur accorder le droit d’enfreindre quelques règles du code de la route…

Las ! L’ouverture tardive des frontières terrestres entre les deux pays, survenue seulement le 15 juillet, a compromis ce plan et orienté les Algériens vers d’autres destinations. Mais qu’importe. les Tunisiens étaient là, de toutes les sorties et de tous les loisirs ! Avec une fureur de vivre qui n’a d’égal que la peur de lendemains incertains et un appétit de consommer proportionnel à la flambée des prix.

C’était partout bondé, festif et virevoltant, comme si le pays se portait à merveille, alors que tout va de travers. S’adonner au plaisir de la consommation et faire la fête semble le remède miracle contre le blocage politique, la crise économique, l’absence de toute vision d’avenir.

Le 25 juillet 2021 semble en effet bien loin. Celles et ceux – dont je suis – qui sont descendus dans la rue pour soutenir la décision présidentielle de geler les activités du Parlement et de sévir contre les islamistes n’ont vu rien venir.

Ceux qui se sont déplacés aux urnes un an après pour le référendum sur une nouvelle Constitution commencent à s’interroger sur les retombées réelles d’une telle consultation : « De toute façon, ce référendum est une mascarade, s’indigne un professeur d’université. Il est illégal et a été mené sans concertation. Avec à peine 27 % de votants [soit 2,5 millions d’électeurs sur 9,3 millions], il n’a aucune validité. »

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