Sénégal : après le drame de la maternité de Kédougou, le bras de fer politique

Plusieurs syndicats de médecins ont appelé à une grève de 48 heures, à compter de ce lundi. Ils protestent contre l’arrestation de trois agents de santé, accusés de « négligence » après le décès d’une femme et de son nouveau-né, le 30 août à Kédougou.

Sit-in pour demander justice pour Astou Sokhna et réclamer un système de santé plus humain, Place de la Nation à Dakar, le 23 avril 2022. © CARMEN ABD ALI/AFP

Publié le 5 septembre 2022 Lecture : 2 minutes.

Après avoir provoqué une vive émotion au sein de l’opinion publique sénégalaise, le décès de Mamy Doura Diallo et de son bébé au centre de santé de Kédougou, le 30 août, est désormais au centre d’un bras de fer entre les personnels de santé et les autorités.

Le 4 septembre, le syndicat autonome des médecins du Sénégal (Sames) et l’Association des gynécologues et obstétriciens (Asgo) ont annoncé un mouvement de grève pour une période de 48 heures, à compter de ce lundi. Ils protestent contre l’arrestation de trois membres du personnel de santé au lendemain du décès de la parturiente de 37 ans et de son nouveau-né. Le mot d’ordre de grève porte sur « l’ensemble des structures du Sénégal », a précisé le porte-parole du Sames devant la presse. Les représentants syndicaux ont en outre menacé de poursuivre et de durcir le mouvement si leurs revendications – en premier lieu la remise en liberté de leurs trois confrères arrêtés – n’étaient pas satisfaites.

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« Négligence médicale »

Une enquête a été ouverte au lendemain du décès par le procureur près le tribunal de grande instance de Kédougou, ville située dans le sud-est du Sénégal, non loin de la frontière avec le Mali et la Guinée. Dans un communiqué publié en fin de semaine dernière, ce dernier a précisé avoir dépêché des enquêteurs au centre de santé quelques heures seulement après l’annonce du double décès. Le procureur, qui affirme que les premiers éléments de l’enquête montrent « une forte négligence médicale, une incompétence notoire ainsi qu’un manquement manifeste aux règles élémentaires de la médecine » dans la prise en charge de l’accouchement, a fait arrêter un gynécologue et deux de ses collaborateurs.

De son côté, le ministère de la Santé a fait procéder à un audit du décès, dépêchant notamment sur place le Dr Amadou Doucouré, directeur de la Santé de la mère et de l’enfant. Dans son communiqué, le ministère se montre beaucoup plus prudent que le procureur. Si Mamy Doura Diallo présentait bien « des facteurs de risques susceptibles de compromettre la grossesse et l’accouchement », l’audit du ministère conclut que sa prise en charge au centre de santé de Kédougou a été faite » conformément aux normes et protocoles en vigueur ».

Le communiqué, très détaillé, revient ensuite sur les différents actes réalisés sur la patiente, avant que le décès ne soit constaté. Surtout, le ministère de la Santé, à contre-courant du procureur de Kédougou, « manifeste son soutien aux personnels de santé » qu’il « exhorte à préserver dans les soins humanisés ». Une marque de soutien que les syndicats n’ont pas jugé à la hauteur. « Nous n’accepterons pas que des médecins soient mis en prison pour un oui ou pour un non », a dénoncé Yéri Camara lors du point presse annonçant le mouvement de grève.

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