Livres : et il est comment le dernier… Helen Oyeyemi

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Publié le 16 mai 2013 Lecture : 2 minutes.

Effervescence nigériane
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Effervescence nigériane

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S’évader en compagnie de Helen Oyeyemi, c’est un peu comme déguster un repas de cuisine fusion. L’effet de surprise est immédiat. Les papilles sont invitées à apprécier des saveurs habituellement étrangères les unes aux autres. À peine a-t-on identifié une épice que l’on croit reconnaître un autre condiment, une pointe de créativité et un soupçon d’audace. Au final, l’impression est souvent positive pour qui aime les rencontres inattendues, mais l’on ne sait pas toujours ce que l’on a goûté.

Les romans de Helen Oyeyemi sont souvent de telles mises en bouche, où le fantastique et le surréalisme le disputent au réel. Le procédé narratif de Mister Fox, le quatrième opus de cette auteure pas encore trentenaire, n’est pas sans rappeler celui des précédents : l’on ne sait guère si les voix sont réelles ou imaginaires, ni quels personnages sont faits de chair et d’os. Les récits se fragmentent. ?Il n’y a pas une histoire mais des histoires qui, par des effets de miroir déformant, se répondent les unes aux autres, multiplient les points de vue et finissent par tisser ce que Helen Oyeyemi présente comme un « thriller inspiré de Barbe bleue » et du fameux roman Rebecca de Daphné du Maurier.

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Auteur à succès dans l’Amérique des années 1930, Mister Fox ne peut achever un livre sans assassiner un personnage féminin, se transformant de la sorte en tueur en série de femmes. Une violence symbolique faite au « deuxième sexe » que dénonce Mary Foxe, maîtresse rêvée, muse fantasmée et, finit-on par découvrir, allégorie de l’inspiration.

Née au Nigeria en 1984, Helen Oyeyemi a grandi à Londres dès l’âge de 4 ans. Installée un temps en Allemagne, à Berlin, puis actuellement en République tchèque, à Prague, le jeune prodige des lettres britanniques a été saluée par la critique internationale dès la parution de La Petite Icare (Plon), qu’elle a écrite à seulement 18 ans. Chez elle, les références littéraires sont occidentales et les ancêtres, et les esprits yoroubas toujours présents. Au fil de ses romans, Helen Oyeyemi construit une oeuvre forte, originale, et compose une littérature à son image, sans frontières.

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