Beny Steinmetz « n’est pas l’étendard de la corruption », plaide son avocat
Devant un tribunal de Genève, l’avocat du magnat franco-israélien a martelé une nouvelle fois l’innocence de son client et la fragilité du dossier assemblé par l’accusation, au sixième jour d’un appel d’une condamnation pour corruption en Guinée.
« Beny Steinmetz n’est pas l’étendard de la corruption. Il est innocent », a lancé Daniel Kinzer, exhortant les juges à examiner les faits « avec un regard neuf ». L’homme d’affaires de 66 ans a été condamné par un tribunal de Genève en 2021 à cinq ans de prison ferme et à verser 50 millions de francs suisses (52 millions d’euros) pour « corruption d’agents publics » en Guinée, dans une affaire de concession minière. Deux de ses associés font également appel de peines de prison moindres.
Pendant trois heures, le 5 septembre au matin, Me Kinzer s’est efforcé de démonter pièce par pièce la thèse échafaudée par l’accusation et le verdict prononcé en première instance. Il « n’y a aucun élément de preuve » que Beny Steinmetz a participé à une tentative de corruption, a affirmé Me Kinzer, soulignant aussi que l’immense projet minier du Simandou mené en Guinée par Beny Steinmetz Group Resources (BSGR), aurait « profité à la Guinée » et que le groupe était loin de l’image de profiteurs dressée par le procureur.
Le témoignage de Mamadie Touré, pièce centrale
Ces arguments avaient déjà été présentés la semaine précédente par le magnat lui-même. Steinmetz avait assuré aux juges qu’il n’avait jamais corrompu personne et que « BSGR n’a jamais franchi la ligne rouge ». Au contraire, il s’est dit lui-même victime d’une lutte de pouvoir locale. Le parquet genevois l’accuse d’avoir mis en place un montage financier via des sociétés-écrans afin de verser environ 10 millions de dollars de pots-de-vin à la quatrième épouse de l’ancien président guinéen Lansana Conté (décédé en 2008), Mamadie Touré, afin que BSGR obtienne des droits miniers en Guinée. Mme Touré bénéficie aujourd’hui du statut de témoin protégé par la justice américaine.
Selon Me Kinzer, un grand nombre des allégations portées contre son client repose en bonne partie sur le témoignage écrit de Mamadie Touré. Mais il souligne que la défense n’a pas accès aux termes de l’accord « opaque » passé avec la justice américaine ni la possibilité d’interroger Mme Touré sur ses déclarations pleines de « contradictions ». Pour l’avocat, qui s’interroge sur la compétence de la justice suisse dans ce dossier, le jugement en première instance « est extrêmement confus ». Le Ministère public genevois devait requérir ce 5 septembre, la défense aura ensuite la possibilité de répondre.
Avec AFP
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