Katanga : Joe Kizy va mettre le feu

L’artiste peaufine son troisième album, « Fire », dont la sortie est prévue en juillet. Un appel à l’unité chanté en français, en swahili et en lingala.

L’auteur, compositeur et interprète est originaire de Likasi. © Baudouin Mouanda/J.A

L’auteur, compositeur et interprète est originaire de Likasi. © Baudouin Mouanda/J.A

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Publié le 16 mai 2013 Lecture : 3 minutes.

Le Katanga, au-delà des mines
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« Joe Kizy aleli, Papa Wemba alobi » (« Joe Kizy pleure, Papa Wemba parle »), cette petite phrase en lingala est devenue un hymne. Ce sont les ­premières paroles de Baïla, un featuring entre le « Mzee » de la rumba congolaise et l’une des étoiles montantes de la musique katangaise, Joe Kizy, qui fera connaître ce dernier en 2007 dans toute la RDC. Un sacré coup de pouce, que le jeune artiste a rangé soigneusement dans le tiroir de ses meilleurs souvenirs : « Le jour de ma première rencontre avec Papa Wemba, j’étais en stress. J’avais la peur au ventre de soumettre ma chanson à cette icône africaine. Mais tout s’est bien passé, il l’a écoutée et a accepté de la chanter avec moi. » Rapidement, « Papa » son idole devint son parrain. « C’est lui qui m’a appris comment poser la voix dans un studio d’enregistrement. » Une entrée dans la cour des grands pour ce talent en herbe venu de Likasi, à 120 km de Lubumbashi.

Tout petit, Joe Kizy (de son vrai nom Binene Batabata), deuxième d’une famille de huit garçons, est attiré par la chanson. Écolier, il monte déjà sur scène lors des « promo-scolaires », compétitions regroupant collèges et lycées autour d’activités culturelles : récitation de poésie, danse, chant… Un bon tremplin pour se faire un nom auprès des jeunes avant de démarrer une carrière professionnelle. Mais Kizy – abréviation de « king of zik » – ne s’emballe pas. Il prend son temps.

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Femmes

En 2000, il débarque dans la capitale katangaise pour entamer ses études supérieures : d’abord le droit à l’université de Lubumbashi (Unilu), puis l’économie appliquée à l’Institut des statistiques. Son diplôme de gradué (équivalent de bac+3) obtenu, il peut enfin laisser place à sa passion, la musique. Joe reprend alors le micro et, d’entrée de jeu, s’érige en porte-voix de la femme congolaise. « Le manque d’éléments féminins dans ma famille, notre mère étant la seule femme de la maison, m’a poussé, dans les paroles de mes chansons, à m’intéresser au sort des femmes… dans un pays où certains parents, en cas de difficultés financières, préfèrent scolariser les garçons et pousser les filles au mariage. Elles doivent être associées à part entière au développement de la RDC », explique l’artiste. Son single La Valeur d’une femme, sorti en 2006, donne le ton.

L’opus est reconnu meilleure expression artistique du Katanga par la Mission de l’ONU pour la stabilisation en RDC (Monusco). C’est l’envol. À Kinshasa, puis à Bruxelles, où il remixe la très célèbre Malaïka en swahili et en flamand, avec la participation du chanteur belge Ronny Mosuse – « c’est véritablement la première de mes oeuvres professionnelles qui se soit vendue, et qui continue d’ailleurs à se vendre aujourd’hui ».

Fondamental

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À 31 ans, Joe Kizy Fondamental (« car il y a le fond et le mental dans ma musique ») dit avoir « balisé la voie pour les jeunes musiciens katangais », dans une province qui ne vibrait qu’au rythme du football. Avec son groupe, La Kizya internationale, il prépare son troisième album : Fire, dont la sortie est prévue en juillet 2013. « Rien à voir avec la situation sécuritaire préoccupante dans le Katanga », s’empresse-t-il de préciser. Pourtant, loin d’être indifférent à ce qui se passe dans sa province et dans le pays, Kizy s’insurge contre les divisions qui gangrènent la société congolaise, « principale cause des problèmes qui entravent le développement de la RDC », selon lui.

Avec son prochain opus, un mélange du karindula local et de musique urbaine qui a bercé son enfance, Joe Kizy ne manquera pas de lancer à ses compatriotes un appel à l’unité (en français, en swahili et en lingala, avec un soupçon d’anglais). Reste à savoir si le feu musical qu’il leur apportera parviendra à éteindre celui des fusils.

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