Venezuela : pas de potiche à Miraflores
Compagne du nouveau chef de l’État, Cilia Flores est une chaviste pure et dure qui n’a nulle intention de faire de la figuration au palais présidentiel.
Depuis le second divorce de Hugo Chávez, en 2004, le Venezuela n’avait plus de première dame. C’étaient les filles du Comandante qui, à l’occasion, en jouaient le rôle. Depuis l’élection de Nicolás Maduro à la présidence, le 14 avril, Cilia Flores, sa compagne, a hérité du titre et de la fonction. Enfin, presque. Le nouveau chef de l’État n’aime guère en effet l’expression de « première dame ». Il lui préfère, dans un style plus guerrier, celui de « première combattante de la patrie ».
Quoi qu’il en soit, contrairement à la plupart de ses consoeurs, cette dernière n’a aucune intention d’emménager au palais de Miraflores pour jouer les potiches ou les pasionarias de l’humanitaire. Procureure générale de la République et responsable du Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) au pouvoir (des fonctions auxquelles elle vient de renoncer), cette avocate de 60 ans est l’une des grandes figures du chavisme. C’est elle qui a dirigé la campagne électorale de son compagnon et l’a incité à évoquer sans relâche l’héritage du président défunt. « Elle ne fera pas partie du décor de la présidence, elle sera le bras droit de Maduro », estime son ami Calixto Ortega, député du PSUV.
Soutien indéfectible de Chávez
Cilia Flores a participé depuis le début à toutes les péripéties de l’épopée chaviste. Diplômée à l’université de Caracas, spécialiste du droit pénal et du droit du travail, elle prend gratuitement la défense des militaires putschistes après l’échec de leur tentative de renversement du président Carlos Andrés Pérez, en février 1992. Lors de ses visites à la prison où ils sont détenus, elle se lie avec Maduro et Chávez. Le premier, de neuf ans son cadet, est chauffeur de bus : elle ne le quittera plus, même si le couple ne s’est jamais marié et n’a pas eu d’enfants – Cilia en a trois d’un premier mariage avec le député Walter Gavidia, Maduro en a un, lui aussi. Bien que l’un et l’autre affichent leur foi catholique, « ils sont aussi des adeptes de la pensée de Sai Baba, un très controversé maître spirituel indien décédé en 2011 », explique l’analyste politique Tony De Viveiros.
Avec Chávez, c’est une autre histoire. Et celle-là est politique. Jusqu’à sa mort, le 5 mars, des suites d’un cancer, Flores fut l’un des plus indéfectibles soutiens du Comandante. C’est elle qui, en tant qu’avocate, obtint par exemple sa libération, en 1994. Quatre ans plus tard, elle participa activement à sa campagne électorale victorieuse.
Agressive
Membre du Mouvement révolutionnaire bolivarien (MBR-200), ancêtre du PSUV, elle est élue en 2000 députée à l’Assemblée nationale, puis réélue cinq ans plus tard. En 2006, elle succède à Maduro, nommé ministre des Affaires étrangères, à la présidence de la Chambre – elle est la première femme dans ce cas. Réputée pour son intransigeance, elle se montre parfois agressive, ce qui lui vaut de la part de l’opposition de virulentes critiques. En janvier 2012, sachant qu’il peut compter sur elle en toutes circonstances, Chávez la nomme procureure générale de la République. C’est donc elle qui, à ce titre, reportera sine die la prestation de serment du président malade – celle-ci aurait dû avoir lieu le 10 janvier dernier.
Tout le monde à Caracas semble en être convaincu : l’influence de Cilia Flores sur le nouveau président est considérable. Tant qu’elle sera à ses côtés, le chavisme pur et dur aura de beaux jours devant lui.
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