Benedict Oramah, banquier et gardien d’une certaine idée de l’Afrique

LE PORTRAIT ÉCO DE LA SEMAINE. Le patron d’Afreximbank a révolutionné les activités de l’institution panafricaine, au service d’une vision ambitieuse du futur du continent. Panafricaniste, il a trouvé avec la Zlecaf un nouveau moteur pour son groupe.

Depuis septembre 2015 et l’accès à la présidence de Benedict Oramah, les dividendes distribués aux actionnaires ont été multipliés par quatre. © MONTAGE JA

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Publié le 14 septembre 2022 Lecture : 7 minutes.

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Conjoncture délicate, souveraineté à conquérir, création impérative d’un marché commun, besoin urgent de réformes… Tels sont les défis que doivent relever les acteurs d’un secteur indispensable à l’essor du continent.

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La veille, Mia Mottley, Première ministre de la Barbade, l’avait proclamé « icône et héros » pour « sa vision » et son leadership grâce auxquels le premier Forum Afrique-Caraïbes sur le commerce et l’investissement (#Actif2022) a pu être organisé à Bridgetown, du 1er au 3 septembre 2022. Dans le jardin d’Ilaro Court, sa résidence officielle, la cheffe de gouvernement – qui avait bouté, en novembre 2021, Elisabeth II et les Windsor hors de l’ordre constitutionnel de l’île en en faisant une République – a déclaré Benedict Oramah, président d’Afreximbank, « citoyen de la communauté caribéenne ». Lorsque ce dernier reçoit Jeune Afrique, c’est dans une salle épurée du majestueux Sandy Lane Hotel, à deux pas du complexe One Sandy Lane, où réside lors de ses passages à la Barbade la chanteuse Rihanna.

Le cadre semble idéal pour une retraite de cadres d’une banque qui a distribué 113 millions de dollars de dividendes à ses actionnaires pour l’année 2021, ce qui ne représente que 30 % de ses bénéfices. Mais le tout récent sexagénaire qui nous accueille, en pantalon clair, chemise blanche et veste marron gris, sans cravate, paraît moins intéressé par ces mondanités que par le récit de la bataille qu’il a dû livrer avec les agences de notation pour obtenir une évaluation correcte du risque de crédit de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank). « Ces agences ont l’habitude de prendre les Africains de haut. Nous leur avons signifié que, primo, nous ne leur versions pas 100 000 dollars par an pour qu’ils nous parlent avec condescendance. Et que, secundo, leur méthodologie n’était pas la bonne ! » explique-t-il dans un éclat de rire.

Son ton légèrement hésitant et saccadé tout comme sa voix douce, qui semble toujours couver une crise d’hilarité, peuvent tromper : Benedict Oramah est on ne peut plus sérieux. Grâce à d’incessantes discussions, au déploiement de trésors de pédagogie et à la mise en place d’un hypercomplexe « crédit pour la protection du capital », la banque obtient, auprès de quatre agences internationales, dont Moody’s et Fitch Ratings, une « note d’investissement » suffisante pour se financer à des coûts raisonnables et alimenter sa remarquable croissance. Entre 2016 et 2021, Afreximbank a déboursé plus de 51 milliards de dollars américains. Depuis 2015, le dividende annuel versé aux actionnaires a été multiplié par quatre. Mais la disparité des notations d’Afreximbank consterne son patron, qui y voit une preuve que ces agences « ne connaissent pas » cette banque. Une faiblesse dont on ne saurait l’accuser, lui qui y a passé la majorité de sa carrière.

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