Côte d’Ivoire : lendemains difficiles après les élections locales

Résultats contestés, partisans déchaînés, alliés divisés… Les élections municipales et régionales n’ont pas été un franc succès pour le RDR, le parti au pouvoir en Côte d’Ivoire. L’opposition, elle, se frotte les mains.

Électeurs mécontents à Koumassi, le 22 avril. © Issouf Sanogo/AFP

Électeurs mécontents à Koumassi, le 22 avril. © Issouf Sanogo/AFP

Publié le 1 mai 2013 Lecture : 2 minutes.

Des urnes subtilisées et des affrontements sanglants, des ministres qui ne reconnaissent pas leur défaite, des alliés politiques qui s’écharpent publiquement… Les élections municipales et régionales du 21 avril ont donné lieu à un triste spectacle et à de multiples contestations.

C’est à Abidjan que les tensions ont été les plus vives. À Treichville, les urnes ont été volées lors de la nuit postélectorale. À Koumassi, Ibrahim Cissé Bacongo, le ministre de l’Enseignement supérieur, conteste les chiffres devant la Cour suprême. Ses partisans ont affronté les forces de sécurité, des coups de feu ont été tirés. À Yopougon, le candidat du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, de l’ex-président Henri Konan Bédié) accuse de fraude son concurrent du Rassemblement des républicains (RDR, d’Alassane Ouattara). Dans le Cavally (ouest du pays), deux poids lourds de la politique, Anne Ouloto, membre du gouvernement, et l’ex-ministre Dagobert Banzio, crient chacun victoire…

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En l’absence du Front populaire ivoirien (FPI, de Laurent Gbagbo), qui a boycotté un scrutin qu’il qualifie de « mascarade », le RDR et le PDCI ont remporté 23 des 31 régions.

Trompe l’oeil

Mais aux municipales, les deux grandes formations nationales sont arrivées derrière les indépendants, qui créent la surprise en raflant 70 postes de maire (189 résultats disponibles sur 197 communes). Le RDR, quant à lui, remporte 64 municipalités, soit une de plus que lors du dernier scrutin. Une victoire en trompe-l’oeil : en dépit de moyens de campagne très importants, la formation au pouvoir n’est pas parvenue à mobiliser les électeurs (30 % de participation, contre près de 40 % en 2001). Amadou Soumahoro, le secrétaire général par intérim du parti, a connu une grande désillusion en perdant contre un indépendant à Séguéla. Des figures du RDR comme Adama Bictogo ou Sidiki Konaté ont également subi un revers. Mais ce n’est rien comparé au PDCI, qui connaît une nouvelle débâcle avec 46 communes remportées, soit 16 de moins qu’en 2001.

La bagarre entre ces deux grands partis houphouétistes devrait laisser des traces. Depuis des mois, les cadres du PDCI manifestent leur mécontentement envers un allié accusé de vouloir « truster » tous les postes. De leur côté, leurs homologues du RDR veulent s’affranchir de partenaires « jamais contents ». L’opposition se frotte les mains. « Le FPI ne reconnaîtra pas les résultats de ce vote et lance un appel à tous les démocrates et à toutes les forces de progrès afin qu’ils s’unissent sur une plateforme de lutte contre le régime liberticide d’Alassane Ouattara », a expliqué Richard Kodjo, son porte-parole.

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Le FPI multiplie les appels du pied aux cadres du PDCI pour constituer une nouvelle alliance. En ligne de mire, la présidentielle de 2015. 

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