Livres : Fatou Diome face à ses fantômes

Dans son dernier roman, largement autobiographique, l’auteure franco-sénégalaise Fatou Diome se confronte aux souvenirs de son enfance. Une démarche nécessaire pour trouver sa place parmi les adultes.

L’écrivain Fatou Diome. © DR

L’écrivain Fatou Diome. © DR

Clarisse

Publié le 27 avril 2013 Lecture : 1 minute.

Dans la vraie vie, elle s’appelle Fatou. Dans Impossible de grandir, elle est Salie, une jeune femme qui se raconte par la voix de son double, enfant, « la Petite ». Alors que Salie pourrait se faire une place parmi les adultes de la société française où elle évolue désormais, une petite voix intérieure l’en empêche, la ramenant sans cesse à son enfance sénégalaise. S’installe alors, entre les deux, une conversation imaginaire qui permet d’ouvrir des tiroirs abritant des myriades d’histoires intimes, à l’origine des tumultes intérieurs de l’héroïne.

Fêlures

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Ainsi Salie apprend-elle que celle qu’elle considère comme sa mère est en réalité sa grand-mère, et sa prétendue soeur, sa mère biologique. Un attelage familial complexe pour expier une faute : celle d’être une enfant illégitime, fruit d’amours adolescentes, une bâtarde, une bouche de trop. Une illégitimité qui semble légitimer les violences de certains membres de la famille, en dépit de l’amour de ses grands-parents, et qui la pousse à vivre à l’écart. Alors, comment devenir adulte quand son enfance a été salie par le regard et les propos d’adultes ? Pour « la Petite », la gamine tapie en Salie, il suffit d’assumer ses fêlures en les dévoilant aux autres.

Comme dans Kétala, paru en 2006, les thèmes de l’exil (la scène se déroule en Alsace) et de la mémoire ponctuent ce dernier ouvrage. Mais l’auteure innove en s’attaquant à un tabou : la maltraitance des enfants illégitimes dans la société sénégalaise. Impossible de grandir est aussi un roman quasi musical – la kora ou encore le flamenco de Paco de Lucía sont omniprésents -, qui laisse par ailleurs une large place à l’autodérision et fait ressortir une mosaïque d’émotions et de couleurs. Fatou Diome écrit pour bien clamer sa légitimité de vivre.

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Impossible de grandir, Fatou Diome, Éd. Flammarion, 416 pages, 21 euros.

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