La reine est morte, vive Paul Biya !
Après le décès de la reine d’Angleterre, les médias et les réseaux sociaux plongent dans les statistiques des plus vieux chefs d’État en exercice. Les regards se tournent vers le Cameroun…
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 9 septembre 2022 Lecture : 2 minutes.
À chaque décès de reine âgée, à chaque putsch contre un président cacochyme, les adeptes des statistiques réajustent les classements des dirigeants du monde en fonction de leur longévité. Moins simple qu’il n’y paraît : quelques « écoles » différent en la matière. Certains « tops » classent à part les têtes couronnées dont les règnes sont à durée indéterminée, tandis que d’autres distinguent longévité sur le trône et longévité sur la planète…
Dès le décès, ce jeudi, d’Elizabeth II à 96 ans, 4 mois et 17 jours, les regards se sont tournés en direction du Cameroun. Au dernier souffle de la souveraine britannique, Paul Biya était en effet âgé de 89 ans, 6 mois et 26 jours. Le président libanais Michel Aoun et le roi d’Arabie Saoudite Salmane ben Abdelaziz Al Saoud ont respectivement 87 et 86 ans.
Pour ceux qui privilégient la durée aux affaires, en revanche, le président camerounais, avec 39 ans, 10 mois et 2 jours à la tête du pays, doit s’incliner devant l’Équato-Guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo et ses 43 ans, 1 mois et 5 jours sur le trône…
Amis du #Cameroun, si je ne me trompe pas, avec le décès d'#ElizabethII, Paul Biya devient officiellement le chef d'État en exercice le plus âgé au monde. #NumberOne #Biya
— Mathieu OLIVIER (@MathieuOlivier) September 8, 2022
Depuis l’annonce de la remontée de Paul Biya dans le classement des patriarches au pouvoir, certains Camerounais agacés devinent une quête de poux sur une tête qu’ils estiment rasée. Dans la presse ou sur les réseaux sociaux, ils rappellent que comparaison n’est pas raison, que c’est le concept de monarchie européenne qui est désuet et que, vieux ou pas, le président du Cameroun, lui, « est élu ».
Biden, futur octogénaire
Certes, l’âge ne dit que peu de la qualité d’un dirigeant, ni de la santé du système politique de son pays. Si les parcours électoraux des États-Unis laissent parfois perplexes, seuls les fondamentalistes trumpistes remettent en cause l’élection d’un Joe Biden qui sera octogénaire au milieu de son premier mandat. Quant à l’Afrique, elle est tout à la fois le continent aux espérances de vie modestes et au respect des anciens.
En réalité, ni la sagesse ni l’incivisme ne sont l’apanage des Africains. Et ce n’est guère une affaire de nombre d’anniversaires. Battu l’année de ses 86 ans, le Sénégalais Abdoulaye Wade accepta le verdict des urnes, tandis que le Zimbabwéen Robert Mugabe s’obstinait encore, l’année de ses 93 ans. Quant au dirigeant suprême encore trentenaire de la Corée du Nord, il ne suscite guère de jalousie…
En dehors de son caractère anecdotique, la question de l’âge renvoie essentiellement à la capacité physiologique de gouverner. Elizabeth II n’avait en main aucun levier opérationnel de la gouvernance britannique. La Constitution camerounaise, elle, accorde bien plus de pouvoirs à Paul Biya qui entretenait le flou, récemment, sur l’éventualité qu’il soit candidat à sa propre succession, l’année de ses 92 ans. Tranchera-t-on le débat avec un bulletin de santé ? Là aussi, l’Occident n’a guère de leçon à donner sur les trompe-l’œil médicaux des dirigeants…
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