Patrimoine des dirigeants africains : circulez, il n’y a rien à voir !

Dans de nombreux pays africains, la loi impose aux responsables politiques de déclarer leur patrimoine. Problème : elle est rarement appliquée.

En matière de déclaration de patrimoine, Macky Sall est un peu l’exception qui confirme la règle. © DR

En matière de déclaration de patrimoine, Macky Sall est un peu l’exception qui confirme la règle. © DR

Publié le 25 avril 2013 Lecture : 2 minutes.

« La déclaration de patrimoine ne concerne pour le moment que le président de la République. Nous allons l’élargir à l’ensemble des hauts fonctionnaires, des ministres et, demain peut-être, des parlementaires. » François Hollande ? Non, Macky Sall, dans une déclaration faite le 15 avril. Le président du Sénégal n’en est pas à son coup d’essai. Peu après son élection, en mai 2012, il avait en effet rendu public son patrimoine, d’un montant de 1,3 milliard de F CFA (2 millions d’euros). Mais force est de reconnaître qu’il est l’arbre qui cache la forêt. Qui en Afrique joue ainsi la transparence ?

Domaine privé

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En Côte d’Ivoire, aucune trace d’une déclaration de ce type de la part du président Ouattara. L’article 55 de la Constitution lui en fait pourtant obligation devant la Cour des comptes, « lors de son entrée en fonction et à la fin de celle-ci ». En Afrique du Sud, Jacob Zuma, dont les revenus mensuels s’élèvent à 19 700 euros, estime qu’il n’est « ni membre d’un conseil d’administration ni actionnaire d’une société publique ou privée ». Et qu’il n’est pas tenu d’évoquer publiquement son patrimoine. Circulez, il n’y a rien à voir. Au Nigeria, Goodluck Jonathan, souvent critiqué par la société civile pour avoir déclaré son patrimoine sans l’avoir rendu public, estime qu’il s’agit d’une question relevant du « domaine privé ». « C’est comme cela que je vois les choses, dit-il. Le reste, je m’en fous complètement. Critiquez-moi depuis l’enfer si vous voulez ! »

Au Nigeria, comme d’ailleurs au Cameroun, au Gabon, au Zimbabwe ou en Angola, aucune déclaration publique de patrimoine ou de revenus n’est requise des responsables politiques. Au Liberia, en revanche, Ellen Johnson Sirleaf a fait de la question une priorité. En août 2012, elle est allée jusqu’à suspendre 46 hauts responsables qui n’avaient pas déclaré leur patrimoine à la Commission de lutte contre la corruption (créée en 2008) dans les délais impartis.

Première fois

En Tunisie, une loi de 1987 oblige théoriquement les ministres à déclarer sur l’honneur leur patrimoine. Mais dans l’actuel gouvernement d’Ali Larayedh, un seul s’est acquitté de cette obligation : Nadhir Ben Ammou, ministre de la Justice. Au Maroc, en 2012, plusieurs ministres du gouvernement d’Abdelilah Benkirane ont révélé publiquement leur patrimoine : comptes bancaires, patrimoine immobilier, véhicules, etc. C’était la toute première fois, alors qu’une loi d’octobre 2008 dispose que « toute personne élue ou désignée assumant une charge publique doit faire […] une déclaration écrite des biens et actifs détenus par elle, directement ou indirectement ».

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Situation similaire en Algérie, où plusieurs dispositions législatives ont pourtant été mises en place en 1997 : « Les personnes exerçant un mandat électoral national ou local sont tenues de souscrire une déclaration de patrimoine dans le mois qui suit leur investiture » (ordonnance 99-04 publiée de janvier 1997). Faut-il préciser que les Algériens attendent toujours ?

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