Palestine : après la démission de Fayyad, un gouvernement de consensus national ?

Le Premier ministre avait fini par faire l’unanimité contre lui. Sa démission satisfait autant le Hamas que le Fatah, qui pourraient former un gouvernement de consensus national.

Manifestants réclamant le départ de Fayyad, le 10 septembre 2012 à Hébron. © Sipa

Manifestants réclamant le départ de Fayyad, le 10 septembre 2012 à Hébron. © Sipa

perez

Publié le 29 avril 2013 Lecture : 3 minutes.

À force d’être annoncée, puis démentie, elle paraissait inéluctable. La démission de Salam Fayyad a été actée le 13 avril par le président palestinien Mahmoud Abbas, en dépit des efforts déployés par l’administration américaine pour l’empêcher. Paradoxalement, ce scénario intervient quinze jours après que l’Autorité de Ramallah eut approuvé un budget annuel de 3,9 milliards de dollars, dont un tiers doit être pris en charge par l’aide internationale, ultime empreinte de l’ère Fayyad.

Contesté de toutes parts, le Premier ministre palestinien, 61 ans, a donc fini par jeter l’éponge. « Il a échoué lamentablement dans sa gestion économique, creusé les dettes de l’Autorité palestinienne et manqué à son devoir de verser les salaires durant de longs mois », a résumé Amine Maqboul, l’un des cadres du Fatah, qui considère le départ de Fayyad comme une réponse aux exigences de la rue palestinienne et de son organisation.

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Pourtant, l’ancien chef du gouvernement peut légitimement se poser en victime de la crise financière mondiale. En septembre 2012, l’incapacité des donateurs à honorer leurs promesses pousse Fayyad à adopter des mesures d’austérité, seul moyen d’éviter la banqueroute. Mais la hausse brutale des prix de l’essence, du gaz et des denrées alimentaires déclenche une vague de mécontentement sans précédent en Cisjordanie. Menacé, Mahmoud Abbas prend ouvertement ses distances avec son Premier ministre.

Lutte d’influence

Leur rupture remonte en réalité au 2 mars, lorsque Fayyad valide la démission du ministre des Finances, Nabil Qassis, que le président palestinien avait nommé en 2012 dans le but de réduire la mainmise de son Premier ministre sur les affaires de Ramallah. Dans les couloirs de la Mouqataa, la lutte d’influence acharnée à laquelle les deux hommes se livraient dernièrement avait fini par éveiller les soupçons de plusieurs apparatchiks du Fatah, convaincus que Salam Fayyad cherchait à prendre la tête de l’Autorité palestinienne.

L’hypothèse Marwane Barghouti, le "Mandela palestinien" emprisonné par Israël depuis 2002, semble peu probable.

L’indésirable écarté, il se murmure que le mouvement de Yasser Arafat souhaite désormais se rapprocher du Hamas, lequel avait depuis longtemps relégué l’ancien Premier ministre au rang d’« ennemi de la cause palestinienne », faisant de lui un obstacle majeur à la réconciliation. « Sa démission est liée à des raisons internes », a tempéré Salah Bardawil, l’un des responsables de l’organisation islamiste au pouvoir à Gaza.

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Deux noms

Quoi qu’il en soit, Fayyad restera en fonction jusqu’à la mise en place d’un gouvernement de « consensus national », prévu par les accords de réconciliation entre le Fatah et le Hamas signés au Caire (avril 2011) et à Doha (février 2012), mais restés lettre morte. « La prochaine étape est la formation d’un nouveau gouvernement avec Abbas à sa tête, ou bien, si le Hamas ne fait pas de geste sérieux vers la réunification, un gouvernement dirigé par une grande figure nationale », explique Amine Maqboul.

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Une telle perspective ouvrirait la voie au retour du Mandela palestinien, Marwane Barghouti, 55 ans, emprisonné par Israël depuis la seconde intifada. Mais en dépit d’une popularité intacte, sa libération prochaine paraît bien hypothétique, le sort de l’ancien chef militaire du Fatah n’ayant pas été inclus dans l’accord Shalit conclu avec le Hamas en octobre 2011.

Parmi les candidats pressentis pour succéder à Fayyad, deux noms reviennent avec insistance : l’homme d’affaires Mazen Sinokrot, qui présente l’avantage d’entretenir d’excellentes relations avec le Hamas, et Mohamed Mustapha, conseiller économique de Mahmoud Abbas et président du fonds d’investissement de Palestine. Lequel aurait même discrètement rencontré le secrétaire d’État américain, John Kerry, lors de sa visite au Proche-Orient.

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