Cameroun : John Fru Ndi, la gifle !

Chef de file de l’opposition, John Fru Ndi a échoué à se faire élire dans son fief du Nord-Ouest aux sénatoriales du 14 avril.

Le président du Social Democratic Front (SDF). © AFP

Le président du Social Democratic Front (SDF). © AFP

Clarisse

Publié le 29 avril 2013 Lecture : 1 minute.

Cela aurait dû être une simple promenade de santé pour John Fru Ndi. Las, donné battu aux sénatoriales du 14 avril dans son fief du Nord-Ouest, pourtant jugé imprenable, le leader du Social Democratic Front (SDF) en est réduit à dénoncer de « graves irrégularités ». Dans un recours déposé devant la Cour suprême, le 16 avril, le chef de file de l’opposition accuse le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir) d’avoir acheté des voix des conseillers municipaux du SDF – des voix qui, selon des proches de Fru Ndi, ont été cédées contre une somme allant de 150 000 à 200 000 F CFA (de 228 à 380 euros).

De fait, 17 des 499 conseillers SDF du Nord-Ouest ont fait défection, le département du Boyo totalisant le plus grand nombre de « traîtres » avec 10 voix passées dans le camp adverse. John Fru Ndi paie-t-il pour ses revirements ? Ministre du shadow cabinet chargé de l’information et des médias au SDF, Jean Robert Wafo soutient que non. Selon lui, seul l’appât du gain explique ce lâchage.

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Contestant les modalités d’organisation du scrutin, John Fru Ndi avait pourtant commencé par appeler au boycott. Mais, à l’issue d’une rencontre avec Martin Belinga Eboutou, directeur du cabinet civil de la présidence, le chairman avait changé d’avis, alimentant les rumeurs d’un accord secret avec le RDPC. C’était « par pure stratégie » et « pour l’intérêt du peuple camerounais », assure à présent le SDF : il n’était pas question de déserter une chambre (le Sénat) dont le président est appelé à assurer l’intérim en cas de vacance du pouvoir, sachant que le chef de l’État, Paul Biya, a plus de 80 ans.

Cette fois encore, le leader historique de l’opposition ne sera donc pas sur le devant de la scène. À moins de figurer parmi les trente sénateurs directement nommés par le président de la République. Rien ne dit d’ailleurs que celui qui avait toujours refusé de participer à une autre élection que la présidentielle accepterait cette nomination : la gifle serait peut-être encore plus douloureuse.

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Par Clarisse Juompan-Yakam

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