Famine, inflation… La guerre en Ukraine nous ferait regretter la « douce époque » du Covid

Après deux ans de pandémie de coronavirus et plus de six millions de morts à travers le monde, c’est désormais l’invasion russe qui fait vaciller l’économie mondiale. Et il va falloir survivre, non pas à la maladie, mais au froid et à la faim.

JAD20220913-TRIBUNE-ZOUARI A combine harvester loads a truck with wheat in a field, as Russia’s attack on Ukraine continues, in Kharkiv Region, Ukraine July 30, 2022. © Vyacheslav Madiyevskyy / Reuters

Fawzia Zouria

Publié le 17 septembre 2022 Lecture : 3 minutes.

Et dire que même la reine Élisabeth II est morte ! Que restera-t-il du bon vieux siècle ? De la mémoire des anciens empires et de l’abondance royale ? J’ai dit abondance, moi ? Je dois tout de suite rayer ce mot de mon dictionnaire. Confer le président Macron, toujours vivant, lui, et en forme pour affronter la crise qui s’annonce et à côté de laquelle le Covid fera pâle figure. Maintenant que j’y pense, on va finir par trouver des points positifs à la pandémie.

Prise de conscience

Si l’impact sur la santé du public a été dramatique, s’il y a eu des morts, des psychoses, des pertes de repères, on pouvait encore espérer. L’effet sur l’environnement fut salutaire : la limitation du trafic aérien et de la circulation routière, ainsi que la fermeture d’usines ont amélioré la qualité de l’air. La nature a repris ses droits. La flore a respiré, des espèces ont ressuscité, des oiseaux ont recommencé à chanter, et les poissons se sont mis à batifoler à la surface des eaux. Les humains que nous sommes ont pris conscience du caractère inéluctable de la mort, et découvert combien nous nous compliquons inutilement la vie. Le Covid fut un vrai vide-grenier : nous avons jeté le superflu, d’objets et de gestes inutiles, de fausses idées. Nous avons même arrêté de tourner autour de nos corps comme des obsédés puisque nous étions devenus intouchables les uns pour les autres.

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Pour le reste, tout confinés que nous étions, nous mangions à notre faim et continuions à faire du shopping sans bouger, grâce à Internet. Le nec plus ultra fut de bosser en pantoufles à la maison sans voir la tronche du patron ni subir le rire gras ou la main baladeuse du collègue. On a même frôlé le grand rebond, côté emploi, la production redémarrait de plus belle dans certains secteurs, les riches s’enrichissaient davantage, les pauvres encaissaient quelques dividendes de l’État qui leur donnait l’impression qu’ils valaient quelque chose, pour une fois.

Bref, le Covid, on s’en rappellera probablement comme d’une « douce époque » au regard de ce qui nous attend et où il va falloir survivre, non pas à la maladie, mais au froid et à la faim. La cause ? La guerre en Ukraine, nous dit-on. Pardonnez ma naïveté, mais moi je ne savais pas que l’Ukraine était une si grande puissance et qu’elle pouvait faire vaciller l’économie mondiale. J’entendais rarement parler de ce pays que j’aurais eu du mal à situer sur une carte. J’ai fini par penser, toute seule, et quitte à être accusée de collusion avec l’ennemi, que ce n’est pas l’Ukraine qui empêchait le ciel de nous tomber sur la tête, c’est la Russie, son blé, son gaz et son pétrole, dont nous dépendons tous. Seulement, on ne veut pas le dire. 

Misère mondiale

En attendant, je dois subir la crise comme tout un chacun sur la planète. Pour une fois que je pouvais me prévaloir du titre de « citoyenne du monde », c’est pour partager la misère mondiale. Et alors que, arrivée à l’âge où l’on est censée récolter les fruits d’une vie d’efforts, il va falloir que je me serre la ceinture. Heureuse époque où je me forçais à manger cinq fruits et légumes par jour, comme le recommandait la pub. Me voici à négocier mon menu à la baisse : fini les rôtis d’agneau, les crevettes, les légumes hors saison et autres produits de luxe.

Avec douleur, je me passerai de la mloukhia, cette délicieuse corète en sauce qui demande sept heures de cuisson et fait exploser la facture de gaz. Sans compter d’autres restrictions : me coiffer toute seule à la maison, m’habiller aux puces, commander sur la plate-forme des nouveaux restaurants qui vendent à prix cassés les restes de plats qu’ils n’ont pas pu fourguer à leurs clients. Toutefois, s’il y a une seule chose dont je ne pourrais pas me passer, c’est le chauffage ! Si la température tombe à Paris au-dessous de zéro, je fais comme les cigognes, je m’en vais vers mes terres de Tunisie. Enfin, si la Tunisie existe encore

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