Théâtre : « Odyssées », vogue la galère

« Odyssées », la dernière pièce du Togolais Gustave Akakpo, évoque le drame de l’immigration clandestine, tragédie du monde contemporain.

Les sept acteurs campent de nombreux personnages. © Yves Kerstius

Les sept acteurs campent de nombreux personnages. © Yves Kerstius

Publié le 19 avril 2013 Lecture : 2 minutes.

C’est l’histoire d’un bateau. Ou plutôt des histoires, incarnées par sept acteurs, mais qui valent bien cent personnages. Tantôt protagonistes, tantôt personnages secondaires, ils alternent tour à tour entre le devant de la scène et les rôles de figurants. Mise en scène par le comédien Michel Burstin, la pièce Odyssées réussit le pari de condenser plusieurs récits autonomes, mais toujours liés entre eux, sans perdre le spectateur.

Dans cette tragédie sur l’immigration clandestine, le dramaturge togolais Gustave Akakpo multiplie les situations : un taxi-brousse à la destination inconnue, des candidats au départ en train d’attendre, une place de marché cacophonique qui pourrait bien être celle de n’importe quelle capitale africaine, ou encore la quête d’un journaliste occidental qui se retrouve curieusement à contre-courant d’un mouvement général tendant vers l’autre côté de la mer.

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Les séquences sont des tranches de vie juxtaposées avec une cohérence surprenante. Elles prennent appui sur un pont chimérique entre l’Afrique et cet ailleurs fantasmé : la vaillante trajectoire de l’immigré. Et évoquent la prostitution comme moyen de financement, le franchissement du désert livré aux mains de passeurs peu scrupuleux, puis, une fois arrivé face à la mer, l’étape inéluctable de la traversée.

Espoir

« J’ai écrit Odyssées en réaction aux commentaires télévisés sur ces immigrés clandestins qui viennent mourir aux portes de l’Europe. On présente leur démarche comme étant celle de personnes désespérées. Je crois au contraire qu’il faut beaucoup d’espoir et de courage pour se projeter ainsi vers un ailleurs, conteste Gustave Akakpo. Au travers de ces éclats de vie, j’ai voulu présenter toutes les difficultés et embûches auxquelles il leur faut faire face. »

Pour se donner plus de force, les personnages s’approprient les noms de héros antiques, comme pour souhaiter que l’aboutissement « de leur quête à eux » ne relève pas du mythologique. Une fois l’objectif atteint, subsiste une dernière question : l’Europe est-elle prête à les accueillir ? Pas si sûr… Et si c’est le cas, c’est d’une bien drôle de manière. 

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