Gabon : pour une autre relation avec la France

Ambassadeur du Gabon en France

Publié le 16 avril 2013 Lecture : 3 minutes.

Le Gabon change-t-il vraiment ?
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Le Gabon change-t-il vraiment ?

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Les rapports entre la France et le Gabon doivent être replacés dans le cadre des bouleversements qui affectent le monde aujourd’hui. Le Gabon, dont la croissance ne se dément pas (elle était de plus de 6 % l’an dernier), fait partie intégrante de l’Afrique noire émergente dont il constitue l’un des fleurons, tandis que la France doit lutter pour maintenir ses positions. L’un et l’autre ont donc tout intérêt à rester solidaires et à développer des liens solides sur la base de leurs nombreux atouts.

Les deux pays ont des relations commerciales et humaines anciennes. Ce qui explique pourquoi la France reste encore le principal fournisseur du Gabon avec 35 % de part de marché, et que cent vingt entreprises françaises y sont implantées. Mais le Gabon est aujourd’hui maître de ses ressources, de son développement, ainsi que de ses équipements, choisis parmi les meilleures solutions techniques et économiques, correspondant aux besoins les plus urgents de sa population. Il entend également – et légitimement – mieux maîtriser l’exploitation de ses matières premières, pour créer sur place de la valeur ajoutée et des emplois.

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Coopération

Telle est la politique du président de la République, Ali Bongo Ondimba, qui vise à inscrire le Gabon au rang des nations émergentes, par une ouverture au monde et un appel au soutien de tous les pays amis partenaires de son développement.Traçant les grandes lignes d’une nouvelle vision de la diplomatie gabonaise, le chef de l’État souhaite multiplier les actions de promotion pour inciter les entreprises à investir au Gabon. La diversification des partenaires économiques n’est absolument pas incompatible avec une continuation, voire un renforcement des liens privilégiés entre Libreville et Paris. C’est aux entreprises françaises de se montrer compétitives, d’améliorer la qualité de leurs produits, de prendre en compte de nouvelles exigences comme la responsabilité sociale des entreprises (RSE), de respecter les certifications internationales de la même manière que leurs concurrentes, issues essentiellement des Brics, d’Amérique du Nord, voire d’Australie.

Un Plan d’action de mise en place d’un partenariat stratégique a été adopté en février 2010 entre le Gabon et la France, qui inscrit noir sur blanc que la coopération entre les deux États doit dorénavant s’effectuer dans les domaines que notre pays juge prioritaires, inclus dans le programme du « Gabon émergent ». Il s’agit du Gabon vert, du Gabon industriel, du Gabon des services, auxquels vient s’ajouter le Gabon bleu, qui désigne la valorisation de nos ressources halieutiques, fluviales, lagunaires et lacustres.

Il est à regretter que cette politique vis-à-vis de la France ne semble pas produire tous les effets attendus. Au cours de ces trois dernières années, le Gabon a enregistré près de 5 milliards de dollars d’investissements directs étrangers, résultant de contrats signés en majeure partie avec des entreprises américaines, asiatiques et européennes autres que françaises.

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Essor économique

C’est à la France et aux entreprises françaises, grandes ou petites, de saisir cette chance d’investissements et de participation à l’essor économique grandissant du Gabon. Notre souhait est de relancer un engouement des investisseurs hexagonaux pour le marché gabonais, surtout dans les domaines de l’environnement, de l’écotourisme, des technologies de l’information et de la communication, ainsi que de l’agriculture et de l’élevage. Nous avons à coeur, notre chef de l’État en tête, de nous affranchir du « tout pétrole », qui a longtemps caractérisé notre tissu économique.

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La conjoncture actuelle des rapports entre la France et le Gabon est donc celle d’un renouvellement fondé sur des bases plus équitables et plus conformes aux intérêts du peuple gabonais, tout en correspondant aux intérêts bien compris du peuple français. La volonté et les moyens ne manquent pas au Gabon pour réussir cette relance, et l’on ne peut douter qu’il en soit de même du côté de la France. Au-delà des préjugés anciens, des stéréotypes désuets et des simplifications rétrogrades et contre-productives, qui ne tiendraient pas compte de la réalité.

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