Gabon : Ali Bongo et le mammouth Cemac

En juillet 2012, le chef de l’État gabonais, Ali Bongo Ondimba, s’est vu confier par ses pairs la présidence de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac)… et les dossiers en souffrance qui vont avec.

ABO veut accélérer la cadence sur le terrain de l’intégration économique. © DOM/J.A.

ABO veut accélérer la cadence sur le terrain de l’intégration économique. © DOM/J.A.

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Publié le 26 avril 2013 Lecture : 3 minutes.

Le Gabon change-t-il vraiment ?
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Le Gabon change-t-il vraiment ?

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Faut-il ouvrir les frontières ou non ? Ali Bongo Ondimba (ABO) a prudemment différé sa réponse… Depuis qu’ils lui ont confié en juillet dernier, et pour deux ans, l’exercice de la présidence de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), ses pairs attendent de lui qu’il donne enfin chair aux projets de l’organisation pour rendre effective l’intégration des citoyens au sein de l’espace communautaire, ce qui passe notamment par la libre circulation des personnes. Après l’affaire Ntsimi et les turbulences survenues au sein de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) en 2012, la Cemac a besoin d’un leadership dynamique et crédible. Ali Bongo peut-il relever ce défi ?

L’intégration communautaire passe par l’entrée en vigueur, toujours retardée, de la libre circulation des personnes. Une affaire dans laquelle les deux États membres qui refusent de supprimer l’exigence d’un visa aux frontières de leurs territoires respectifs sont justement le Gabon et la Guinée équatoriale. Le président Ali Bongo Ondimba est bien entendu convaincu de l’impératif de constituer un ensemble communautaire fort. Son Premier ministre, Raymond Ndong Sima, a d’ailleurs déclaré que « l’intégration est devenue une nécessité incontournable à laquelle le Gabon peut difficilement se soustraire, car le monde s’organise désormais dans des sous-ensembles »… avant toutefois d’ajouter : « Cependant, nous devons retenir que l’intégration implique la mise en oeuvre d’un équilibre très subtil entre les intérêts nationaux et les intérêts communautaires. »

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Une approche tout en prudence qui, en l’occurrence, tient à ménager ceux des Gabonais qui craignent « l’invasion » de leur territoire par les autres ressortissants de la zone. Ce qui explique que le président en exercice de la Cemac se soit empressé de refiler la patate chaude à une commission ad hoc, chargée de réfléchir à l’agenda du mandat du Gabon à la tête de l’organisation sous-régionale. Présidée par Jean-Pierre Lemboumba Lepandou, ancien ministre des Finances sous Omar Bongo Ondimba et actuel conseiller du chef de l’État, la commission a rendu son rapport le 25 février. Mais rien n’a filtré à ce jour…

Du pain sur la planche

Si la prudence reste de mise sur ce sujet sensible, ABO veut en revanche accélérer la cadence sur le terrain de l’intégration économique. Le 22 novembre, à Malabo, lors du quarantième anniversaire de la Beac, il a ainsi proposé la création d’un comité inter-États, dont la principale mission consistera à soutenir et à promouvoir l’attractivité économico-financière de la sous-région. Le président gabonais a par ailleurs demandé à ce que les excédents de trésorerie réalisés par la Beac soient prioritairement réinvestis dans la promotion des projets sociaux liés à l’habitat, à l’énergie, à l’eau potable, ainsi qu’aux grandes infrastructures de développement. De quoi mettre en oeuvre le Programme économique régional (PER Cemac) 2010-2015, notamment la construction de huit tronçons routiers « intégrateurs ». Et, surtout, comme l’a évoqué ABO à Malabo, il s’agirait de mettre enfin sur pied le fameux Fonds Émergence Cemac, dont le principe en tant qu’outil du PER avait été adopté en janvier 2010, à Bangui… mais dont la forme, les missions et les mécanismes de financement n’ont toujours pas été déterminés. Il va également être nécessaire d’accompagner le repositionnement de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC) au niveau régional et international.

Enfin, reste à faire avancer les éternels dossiers à tiroirs de la Cemac. On espère notamment d’Ali Bongo qu’il s’attaque aux obstacles qui retardent le rapprochement entre la Bourse des valeurs mobilières d’Afrique centrale (BVMAC) de Libreville et le Douala Stock Exchange (DSX), dont le projet piétine en dépit de la volonté politique clairement exprimée des chefs d’État des deux pays concernés. On attend aussi un coup d’accélérateur dans le processus de création un peu brouillon d’Air Cemac (présidé par le Gabonais Étienne Robin Mintsa Mi Owono), dont le siège, à Brazzaville, a été inauguré début mars. Mais, malgré plusieurs annonces, toujours point d’avions ni de plan de vol inaugural à l’horizon.

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