Brésil : la guerre du crack

Au Brésil, la consommation du crack, dérivé de la cocaïne, explose. Avant le Mondial de football, les autorités s’efforcent donc de « nettoyer » les rues.

Une altercation entre consommateurs de crack à Sao Paulo. © AFP

Une altercation entre consommateurs de crack à Sao Paulo. © AFP

Publié le 22 avril 2013 Lecture : 2 minutes.

Les Brésiliens sont 1 million à consommer régulièrement du crack, un dérivé bon marché de la cocaïne, aux effets ravageurs. Ils sont même les recordmen mondiaux en la matière. C’est désormais un énorme problème de santé publique, en même temps qu’une cause d’insécurité pour la population. Résolu à juguler le fléau, le gouvernement a, en décembre 2011, lancé un plan d’action national qui, jusqu’en 2014, s’est vu allouer un budget de 1,5 milliard d’euros.

En janvier-février, les municipalités de São Paulo et de Rio de Janeiro ont pour leur part autorisé l’internement contre leur gré des adultes dépendants, mesure réservée jusqu’ici aux mineurs, et déclenché du même coup la polémique. De nombreux spécialistes dénoncent une mesure politique qui ne vise selon eux qu’à « nettoyer » les rues dans la perspective des grands événements que le Brésil s’apprête à accueillir : Journée mondiale de la jeunesse (en juillet), Mondial de football (en 2014), Jeux olympiques (en 2016)…

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Rechute

« Si vous retirez le patient de son milieu, le traitement restera artificiel, et il y aura un gros risque de rechute à sa sortie », estime la psychologue Silvia Tedesco. Les défenseurs de l’internement involontaire estiment pour leur part que l’état des personnes dépendantes est tel qu’elles sont bien incapables de prendre une quelconque décision.

Tout le monde est en revanche d’accord sur un point : la prise en charge des accros au crack doit être entièrement repensée. L’échec des opérations de ramassage pratiquées jusqu’ici est patent. Placés dans des centres, mais sans obligation d’y rester, les junkies refusaient le plus souvent les soins et, très vite, retournaient à la rue. Désormais, leur sortie sera conditionnée à l’autorisation d’un médecin. « Il faut considérablement renforcer le réseau des consultations de rues faites par des équipes multidisciplinaires, avec un psychologue, un médecin et une assistante sociale », explique Silvia Tedesco. Car les opérations de ramassage ont leurs limites. Beaucoup de drogués réussissent en effet à s’échapper. Quelques heures plus tard, on les retrouve aux abords du principal « Crackolandia » de Rio, le long de l’Avenida Brasil, principale voie d’accès à la mégapole. Pour la municipalité, il y a encore plus embarrassant, en termes d’image. De plus en plus d’accrocs au crack ont tendance à migrer vers les quartiers chics et touristiques de la zone sud, où ils sont évidemment plus visibles. Exactement ce que les autorités souhaitaient éviter !

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