Elizabeth II, Charles III et les joyaux africains de la couronne britannique

Alors que la reine Elizabeth II n’est pas encore inhumée, une vénération à dimension planétaire côtoie des voix discordantes. Et certaines requêtes anciennes profitent de la lumière médiatique ambiante…

 © Damien Glez

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Publié le 13 septembre 2022 Lecture : 2 minutes.

Quelques heures après le décès de la reine d’Angleterre, une salve de critiques contre la famille royale britannique – par ailleurs très globalement encensée – a surgi sur une partie des réseaux sociaux africains. Avant même l’annonce du décès de la monarque, le professeur américain d’origine nigériane Uju Anya exprimait déjà ce qu’il affirmait être un « mépris » de la famille royale envers le souvenir de la guerre du Biafra. Quant au parti d’opposition sud-africain Economic Freedom Fighters (EFF), il a affirmé ne pas être en deuil après la disparition de ce que son porte-parole a qualifié de « fier porte-drapeau des atrocités coloniales ».

Star of Africa

C’est d’ailleurs en Afrique du Sud que les réactions ont tourné en revendications. Sur les réseaux, des publications profitent de la médiatisation exceptionnelle de l’actualité britannique pour réclamer le retour du diamant Star of Africa, considéré comme le plus grand diamant blanc taillé du monde, extrait dans le pays en 1905 et toujours intégré dans les joyaux de la couronne du Royaume-Uni. Pour les uns, cette pierre précieuse, dont le plus gros fragment est serti dans le sceptre royal britannique, a été volé au peuple sud-africain. Pour d’autres, elle fut légalement achetée par le gouvernement du Transvaal –région du nord-est de l’Afrique du Sud– et tout aussi légalement offerte à la famille régnante britannique.

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Estimé, au minimum, à 400 millions de dollars américains, le produit de la vente de ce diamant –si celui-ci était rendu à Pretoria– pourrait financer l’enseignement supérieur de 75 000 étudiants sud-africains…

D’autres voix du continent chuchotent au nouveau chef du Commonwealth qu’il serait temps de restituer les têtes de certains héros africains comme le résistant nandi Koitalel Samoei ou le roi xhosa Hintsa ka Khawuta, tous les deux tués au XIXe siècle, respectivement dans les actuels Kenya et Afrique du Sud. Leurs crânes furent emportés en Grande-Bretagne comme trophées…

Les dirigeants africains, eux, doivent ménager la chèvre du patriotisme et le chou de la diplomatie. En fin de mandat présidentiel, le Kényan Uhuru Kenyatta a déclaré quatre jours de deuil national, tandis que son homologue sud-africain s’est souvenu « avec affection » de la reine défunte, « personnalité extraordinaire » qui fut, comme d’autres le rappellent, l’héritière et non l’architecte de la colonisation. « L’histoire ne peut être réécrite », indiquait la reine Elizabeth II dans l’ancienne colonie indienne. Son fils Charles III achèvera-t-il de recouvrir l’histoire d’un voile par trop pudique ?

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